Quand on dit néo-métal aujourd’hui, on se réfère à tellement de groupes qu’on n’ose plus compter. Mais au commencement, il y avait un groupe: KoRn, qui avait posé les bases du genre avec leur album éponyme en 1994. Puis un an plus tard, un groupe leur emboîte le pas: Deftones. Leur album Adrenaline connaîtra un succès plus discret, et c’est leur album Around The Fur (1997), soutenu par une apparition dans la BO du film Matrix, qui les mènera sur la route du succès. En 2000 sort le troisième opus du groupe: White Pony. Mais alors que tout le monde s’attendait à retrouver des pistes enragées comme l’étaient My Own Summer (Shove It), Around The Fur, Lotion et autres, dans les faits, c’était presque l’inverse. Moins de chansons agressives, plus de mélodies planantes, et toujours la voix de Chino Moreno, si particulière et
dorénavant nourrie de nouvelles influences.
Un contraste déroutant
L’album démarre sur Feiticeira, morceau déroutant car rappelant les riffs corrosifs de l’album précédent, mais avec un chant plus posé, moins agressif. Cette impression se renouvellera avec Street Carp, RX Queen et Knife Party, mais toutes possèdent une personnalité bien particulière. La deuxième piste, Digital Bath, est un morceau très atmosphérique, avec une ambiance particulière, un régal auditif. Le DJ du groupe, Franck Delgado, occupe dorénavant une place bien plus importante que dans l’opus précédent. Les samples et autres bidouillages électroniques donnent naissance à des ambiances travaillées, chose auparavant plus négligée (d’autant que Delgado n’était pas encore officiellement membre du groupe).
I watched you change....
D’autres morceaux viennent rappeler l’agressivité d’avant. Elite et Korea ne dénoncent aucune retenue en ce qui concerne le chant crié, démontrant tout le potentiel vocal de Chino Moreno. Teenager se veut l’antithèse totale de ces morceaux: ambiance planante, son crépitant, chant doux, une petite douceur pour les oreilles. Passenger, ou quand la voix de Chino rencontre celle de Meynard James Keenan, chanteur de Tool, alchimie donnant lieu à un morceau très réussi et néanmoins très ambivalent, alternant couplets déroutants dans leur ambiance et refrains plus violents. Change (In the House of the Flies) pose un chant très mélodique, susurré lors des couplets, sur une musique au son crade, pour un résultat des plus particuliers. L’album se conclut sur Pink Maggit, ou la guitare délivre ses accords saturés note par note tandis que Chino pose délicatement ses paroles d’une voix suave avant que le tout ne prenne son envol après 2 minutes 43.
... into a fly...
White Pony est un album qui se veut plus expérimental que ses prédécesseurs, et il le fait d’une façon admirable. Les ambiances si particulières qui y sont développées lui confèrent une personnalité et un charme qui lui sont propres. C’est une sorte d’OVNI dans la discographie de Deftones car beaucoup plus atmosphérique et posé que les autres. Aucune piste n’est à jeter, c’est du tout bon, à écouter d’urgence pour tout amateur de métal et même les non-initiés. En effet, pour certains, il se peut que cet album soit le seul écoutable de tous ceux du groupe...
... |