Il s'agit d'une courte nouvelle sur le thème de l'éphémère...
Une lueur dans une mansarde, à l'orée de l'Inconstance hivernale...
Qu'il est beau, le nid de la tendre insouciance ! Qu'il est confortable d'étreindre dans la moiteur nacrée de ce cocon protecteur, toute la plénitude de la solitude ! J'étais ainsi, frêle chrysalide, baignée de bien-être et d'innocence...
Et tout finit brutalement, au jour où j'ai mangé le sein de celle qui avait enfanté de ma condition. Sournoise et sordide, elle me déversait à la gueule le flot malveillant des leçons qui allaient conduire mes pas. Lors d'un instant-une chimère, sans doute, l'éternité m'avait échappé.
Alors se dévoilaient dans l'effervescence frénétique de mes sens naissants les atours sensuels d'une créature mystique. Ma quête devint de la saisir, tant son enchantement me troublait. Elle était là, quelque part, autour de moi, ou prenait-elle pour hôte le ventre de mes semblables... Elle se jouait de ce que j'appellais mon âme quand, semblant s'étioler, elle surgissait violemment au coin d'un regard, d'une courbe furtive, d'un morceau de chair mystérieusement dévoilé... Elle, présente comme pour porter l'ébullition de mes sens aux confins inexplorés d'un univers perdu, je ne sais où, dans moi, ou peut-être dans le ventre d'un de ces hôtes...
Et comme mes forces tombaient, au gré de cette course au vent, la créature comme par pitié ou par ennui, s'en fut... Et ne resta figé dans mes veines que l'amère ou peut-être bienheureuse sensation qu'un jour, à l'apogée de sa vivacité, j'avais dû un instant (celui d'une illusion) toucher son corps fugace. Et penché sur cette icône, je m'engonçais avec complaisance dans la vaine conviction que la sagesse m'avait été offerte, et que la paix pourrait désormais bercer Moi.
Moi était si réel, si présent, que nous nous mouvions dans lui, sûr de lui. Il devint à nous, insolite chimère...
Puis enfin, elle se mit à nu. C'en est fait.
Et ce temps après lequel j'avais tant couru s'envola, fustigé par cette révélation et l'union proclamée. Cette chimère est donc mienne, à l'infini, c'était Moi !
Le berceau de l'Insouciance m'avait épargné, lui, l'affreuse sensation de ne m'être agité un si long moment qu'après moi, Moi, ce si petit bout de rien qui désormais me traque, et m'épie...
Moi est mort, maintenant je sais.
"je suis belle, et sensuelle, et ma mort vous dévore;
Je suis vous, je suis elle, je vous suis éternelle"
Re: Introspection Posté par dwige le 20/08/2004 07:54:58
Salut, c moi, l'auteur de "sujet Aude"...
Respect !Vraiment bravo !Je reste comme un con devant ton style d'écriture si different du mien...
1000X Bravo !
Re: Introspection Posté par nothingzo le 20/08/2004 07:54:58
Très beau style. Peut-être un peu trop référent aux sujets privilégiés de Rimbaud, mais il faut toujours avoir une muse et s'en inspirer. J'attends une autre nouvelle avec impatience.