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Respire
Posté par nosepicker le 24/08/2005 00:00:56
Je ne sais pas combien de temps le téléphone a sonné avant que je ne sois en état de réaliser ce que c'était. Pour ma défense, je dirai que j'avais à peine deux heures de sommeil dans la tête et beaucoup trop d'alcool dans le corps. Tellement que j'ignore comment j'ai fait pour répondre. Peut-être parce que c'était la quinzième sonnerie, je ne sais pas, mais je suis certain que j'aurais dû lancer l'appareil par la fenêtre au lieu de répondre. J'ai été vraiment surpris d'entendre ta voix, ça faisait six jours et je n'espérais plus ton appel, à supposer que j'aie déjà osé espérer que tu me rappelles.
Je n'aurais jamais eu la prétention de croire que je t'ai été indispensable à quelque moment que ce soit.

Il faut dire qu'on s'était quitté plutôt brutalement la dernière fois. Je sais très bien que c'était de ma faute, j'avais oublié de mettre le réveil pour la troisième fois de la semaine, ou je ne l'avais pas entendu, je ne sais pas, mais reste que c'est ce jour là que j'ai perdu mon quatrième boulot en quatre mois. Je me souviens très bien de la tête que tu avais quand je t'ai annoncé la "grande" nouvelle, complètement dans les vapes pour ne pas m'effondrer devant toi. Je sais aussi que ce qui t'as exaspéré plus que la perte d'un autre emploi, ça, tu commençais à être habitué, c'est le tas de bouteilles vides qui avait encore grossi comme il grossit à tous les jours depuis des années. Depuis mes quatorze ans, en fait. Mais chut, faut pas dire que j'ai des tendances alcooliques.
Je ne sais pas si tu sais à quel point t'as gueulé fort. Pas crier, gueuler, c'était infernal.
T'as hurlé que tu en avais marre d'arriver chez moi et de me trouver dans les vapes, que ce serait bien si je pouvais bosser un peu, histoire de ne pas avoir à payer mon appartement avec deux mois de retard (dans les bonnes périodes) et que si je pouvais arrêter de dépenser à peu près tout mes revenus en alcool et en cigarettes, ce serait encore mieux.
Tu criais tellement fort que la vieille un peu folle qui reste juste en dessous a commencé à donner des coups au plafond pour que tu te taises.

Moi, je n'ai pas répondu, je n'ai pas osé. Parce que je savais que tu avais tout vrai et que j'avais tout faux comme d'habitude. Je suis resté là, apathique et abattu, sur mon sofa affreusement usé avec mon t-shirt taché et mon caleçon sale. Je crois que c'est cette absence de réaction qui t'as réellement mis hors de toi alors t'es parti en claquant la porte.
Je n'ai même pas bougé. Même si j'avais envie de courir derrière toi et de te supplier de m'aimer, je n'ai pas été capable, mes jambes n'ont pas voulu me porter.
J'ai dû passer douze heures assis sur ce putain de sofa.
Après, j'ai eu besoin d'alcool, alors j'ai vidé mes fonds de bouteilles avant d'en ouvrir d'autres, plusieurs en même temps, j'ai fait des mélanges, du fort, du fort, du fort et encore du fort.
C'était dégueulasse, mais les cachets d'aspirine ont fait passer le goût immonde. Un peu.
Je ne sais pas si ça valait mieux de terminer ce flacon là, presque vide ou d'en terminer un tout neuf. Quelqu'un m'a déjà dit qu'il était impossible de se suicider à l'aspirine. Même avec beaucoup d'alcool ? J'ignore toujours.

J'ai encore bu et j'ai comaté pendant un bon moment. "Comater". C'est pas mon dictionnaire, je le sais, je l'ai cherché un soir où on jouait au scrabble. Débile, j'ai déjà joué au scrabble, tu réalises ?
J'ai vomi aussi. Je suis toujours malade quand je bois, je ne m'habitue pas. Et arrêter de boire, c'est hors de question.
Je m'en voulais et je m'en suis voulu encore plus quand j'ai vu la date sur le calendrier sur le calendrier jauni par la fumées des deux paquets de clopes que je me tape à chaque jour que le bon dieu (quelle connerie, lui, quand même) aurait mieux fait de ne pas amener, le 21 du mois entouré d'un cœur rouge. Six moi. Six. Pas six nuits ou six semaines, six mois. C'est énorme. Enfin, c'était énorme.
Je nous ai revus dans cette boîte plus que minable, c'était un soir où j'étais bien, mais je ne sais pas si c'était vraiment parce que j'étais bien ou si ça avait plus à voir avec le comprimé qu'un type étrange m'a filé dans les chiottes peu après que je sois arrivé. J'insiste d'ailleurs sur le mot chiottes. Pas toilettes, chiottes. C'était vraiment un endroit minable. Qui se ressemble s'assemble. Mais ça n'expliquerait pas ce que tu faisais là alors. Je t'ai vu en sortant d'une des cabines crasseuses.
J'ai figé.
Et je ne sais absolument pas comment tu t'es retrouvé chez moi à scruter mon deux et demi plus ou moins salubre en partant et infernal vu que je ne suis pas très porté sur le ménage. Je n'oublierai jamais cette ombre dans tes yeux quand tu as vu cette merde dans laquelle je vis. Les murs gris de saleté, les meubles bons pour jeter, les bouteilles vides et pleines, les planchers moisis, l'odeur effroyable d'un truc expiré dans le frigo, les mégots écrasés un peu partout, les insectes format géant dans la salle de bain... Et encore, t'as pas tout vu, il y aurait des dizaines d'autres choses à énumérer.
C'est au milieu de ce bordel qu'on a fait ce qu'on avait à faire c'était doux, c'était bon et je me suis endormi en pensant que tu serais parti demain matin. On fera comme si rien ne s'était passé, c'est facile, à cette époque, j'étais déjà habitué depuis longtemps à faire comme si mes nuits n'avaient jamais existées. Je suis habitué aux mecs qui partent au beau milieu de la nuit parfois sans dire un mot, d'autres fois en faisant un boucan d'enfer. Moi, tant que j'ai eu ce dont j'avais besoin, je me balance bien de l'heure à laquelle ils partent.
Tu es le premier qui est resté toute la nuit.
Le premier en dix ans. J'ai vingt-cinq ans.
C'est toi qui m'as réveillé en m'embrassant. Je ne sais pas depuis combien de temps on ne m'avait pas embrassé juste par tendresse. Je ne sais même pas si c'est déjà arrivé.
Beaucoup de premières fois cette nuit là. Et, surtout, un garçon qui ne s'est pas poussé tout de suite après avoir baisé. T'imagines pas ce que ça fait à l'intérieur.

Nous avons passé la journée au lit à faire... Je me rappelle tellement bien que je n'ai pas besoin de le raconter, je dirai juste que c'était une première fois de plus.
Je t'ai raconté pourquoi je vivais dans cet appartement, si les murs savaient parler, ils auraient pu t'en dire bien plus tellement je me suis raconté cette histoire à voix haute.
J'avais quinze ans, des tas de garçons passaient par ma chambre (et par mon lit), je ne me suis jamais posé de questions, c'était comme ça et quand mes parents ont réalisé qu'ils n'étaient pas mes amis, ils m'ont foutu à la porte. Tu m'as dit que ça leur passerait, à mes parents. Tu avais tout faux, mais il ne faut pas le dire, sinon, je n'espérerai plus jamais.
Tu m'as embrassé et on a refait l'amour.

C'était une putain de belle matinée.
Juste ça.
Tellement tout.

Je n'avais pas envie que tu partes, peur que tu ne reviennes jamais. J'ai toujours dépendu des autres, je n'aurais pas supporté de me retrouver seul toute la nuit et je n'aurais pas supporté qu'un autre vienne salir ton odeur.
Mais tu es quand même parti bosser.
Puis tu es revenu.

J'aurais pu crever de plaisir tellement j'étais content de te revoir sur le pas de ma porte. Quand tu as frappé, je croyais que c'était le proprio qui voulait l'argent que je lui dois en permanence.

Le reste s'est enchaîné très vite.
Tes choses se sont mises à gruger un peu d'espace et toi à passer de plus en plus de temps chez moi. Officiellement parce que c'était plus tranquille qu'avec tes deux colocataires qui dorment à côté. Je ne me suis jamais demandé si c'était une vraie ou une fausse raison, j'aimais mieux mentir que de voir la réalité et je ne sais toujours pas si je me mens ou si tu m'aimes.
Tu vois, malgré la salle de bain qui déborde de tes produits, j'ai de la difficulté à croire que tu puisses réellement avoir [eu] envie d'être avec moi. D'ailleurs, pourquoi est-ce que tu n'as pas emballé toutes tes choses après m'avoir crié après ?
En bougeant les yeux, j'ai vu une de tes chaussettes dépasser de sous le sofa et j'ai eu envie de parler à quelqu'un plutôt qu'à mes murs pour faire changement. Parce que j'avais atrocement envie de pleurer, envie de hurler, envie d'avoir quelqu'un. Foutue solitude. Quand tu n'étais pas là, je n'avais personne et maintenant que je ne sais plus si tu reviendras, je n'ai personne non plus. L'ennui avec la solitude, c'est que l'on n'a jamais personne à qui s'adresser quand on en a besoin. La plupart du temps, je bois. Comme ça, je peux oublier ce que j'aurais aimé dire et les murs peuvent dormir sur leurs deux oreilles.

J'ai décroché le téléphone et j'ai composé un numéro que je n'avais pas composé depuis des années. Pas le tien, évidement, mais j'aurais peut-être dû. Peut-être que les choses auraient été différentes.
C'est ma mère qui a répondu. J'ai reconnu sa toute petite voix, d'ordinaire si douce qui s'était faite si dure quand j'ai quitté la maison.
Allo ?
J'ai juste dit maman, tout bas, et je crois que je pleurais vraiment très fort.
Elle n'a rien dit.
Pas un mot.
Pas un putain de mot.
Alors je l'ai envoyée se faire foutre, ainsi que papa et j'ai raccroché très fort.
À la fin, je n'étais même pas plus mal. Ou à peine.
Après avoir achevé de couper les ponts avec mes parents, j'ai encore attendu.
J'ai attendu des heures, le temps d'avoir vraiment besoin de boire. Le temps de trember de manque d'alcool, le temps de trembler de manque de toi. J'ai vu le soleil se coucher par la fenêtre. Comme du feu dans la ville.

Il faisait noir quand je suis sorti. J'ai pris le métro et j'ai remonté toutes les lignes jusqu'au dernier métro, tard le soir ou tôt le matin, comme vous voudrez.
Quand je suis remonté à la surface, je me suis dépêché de repérer les types aux allures louches pour leur faire n'importe quoi, les yeux fermés et l'esprit ailleurs, je ne sens presque rien. J'avais besoin d'argent et j'étais à sec, puis mon corps demandait quelqu'un. Pas de l'amour, quelqu'un.
J'ai trouvé un bar et j'ai bu, qu'est-ce que tu pensais que j'allais faire ? Qu'est-ce que j'aurais pu faire d'autre ? T'appeler ? Tu m'en voulais à mort, j'avais honte et je n'aurais pas pu aligner trois mots comme il faut alors dis-moi pourquoi je t'aurais appelé ou encore mieux, dis-moi comment j'aurais fait ?
L'avantage d'être entouré de gens, même de faux jetons, c'est que tu as normalement plus de deux numéros de téléphones en banque. J'avais celui de mes parents, le tien et celui de la pizzeria. Appeler à la pizzeria, c'était hors de question, bien entendu. Je ne m'imagine pas tellement dire à serveuse que ce n'est pas pour une livraison, mais pour une consultation.

Donc j'ai bu.
N'importe quoi.
J'ai vomi.
Évidement.
Je commence à être prévisible.
Je me suis fais foutre dehors à trois heures du matin et je ne sais pas comment je me suis retrouvé chez moi. Décidément, j'ignore beaucoup de choses.
Puis quand j'ai trop bu, je fais de la philosophie à deux balles qui ne vaut pas grand-chose si quelqu'un a besoin de mon avis pour l'affirmer.
J'ai dormi, mais pas très longtemps.
J'ai regardé par la fenêtre et cette fois, j'ai vu le soleil se lever. Rouge comme quand il se couche. Pendant un instant, j'ai vu la ville brûler. Peut-être parce que j'écoutais Thursday qui hurlaient que Paris est en flammes, sauf que je n'étais pas à Paris.
J'ai toujours eu peur de dormir seul, je crois que je n'ai jamais réussi à m'endormir seul. Plus jeune, j'avais peur des monstres qui auraient pu se cacher sous le lit ou dans le placard.
Aujourd'hui, j'ai peur des monstres qui se cachent dans ma tête.
C'est moche, hein ? C'est banal, même, tellement banal, tellement banal.

Là, j'arrive au moment où le téléphone sonne.
Il y a deux secondes, quoi.
Je n'avais même pas l'intention de répondre.
Je n'aurais pas dû répondre.
Je m'attendais à n'importe quoi, un faux numéro, des menaces de mort, mais pas à ça.

Hey, connard, tu peux pas partir comme ça ! Je fais quoi, moi, sans toi ? Qui va me dire d'arrêter de déconner quand j'ai trop bu ? Qui va enlever les trucs pourris du congélo ? Qui va enlever le (s) cafard (s) dans l'appartement ? Qui va bien vouloir de moi ? Hein ? Hein ? Il va rester quelqu'un avec moi après ? Non, merde ! T'as pas le droit de partir comme ça, t'as pas le droit de partir sans savoir si tu vas revenir, t'as pas le droit, t'as pas le droit ! T'ENTENDS ?
Tu peux me faire ce que tu veux, tu peux me gueuler après et ne pas donner de nouvelles pendant six jours, tu peux me faire toutes les saloperies dont tu pourrais avoir envie, tu peux me coincer contre un mur et me casser la gueule, tu peux me violer, je sais pas, n'importe quoi, je ne dirai rien, je te jure, mais s'te-plaît, ne pars pas, t'as pas le droit ! T'as pas le droit, connerie de militaires à la con, je vous envoie tous vous faire mettre au plus profond de votre cul serré, je les emmerde, je vous emmerde, je t'emmerde ! P'tain, pars pas, tu vois pas que tu es tout ce qu'il me reste ? Pourquoi tu t'en vas peut-être crever pour quelque chose qui est absurde ? Pourquoi tu pars ? T'es même pas obligé ! Pourquoi tu reste pas avec moi ?

C'est ce que mon corps criait, ce que ma tête pensait.
Mais c'est pas ce que j'ai dit.

- Tu passes chercher tes trucs quand ?

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Re: Respire
Posté par satanik angel le 24/08/2005 11:32:19
Franchement,là,j'en suis restée sans voix...
Tu à vraiment un don pour l'écriture,et je voit pas trop quoi te dire à part un grand BRAVO.

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Re: Respire
Posté par babygirl1 le 24/08/2005 12:00:01
waw! c'est tout ce que j'ai trouvé à dire! c'est trop beau, trop bien écrit, et triste aussi... j'ai presque eu les larmes aux yeux en lisant ça! bravo

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comme une bombe à retardement
Posté par sterne le 24/08/2005 14:02:06
oui, comme une bombe à retardement, voilà comment on pourrait qualifier ton histoire. Elle est bien décrite, sincère, touchante, mais.. elle n'est pas finie.
Que s'est-il passé au final?
t'es tu battu pour cet homme que tu semblais tellement Mer?
Es-tu parvenu à sortir de cet enfer?
C'est bien d'écrire. Tout décrire, c'est encore mieux.
Mais le top, c'est de se battre : pour ce qu'on est, pour ce qu'on veut, pour tout ce qu'on vaut et mérite.
J'espère que tu te bats avec ces vilaines bouteilles.
J'espère que tu décrasses tes murs si sales.
On peut sortir du passé, si si.
Mais pour cela, il faut croire au futur. Et en soi, surtout...

Courage!

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Re: Respire
Posté par nosepicker le 24/08/2005 15:49:24
sterne : l'histoire,elle ne finit pas vraiment.Et c'est une fiction,en vrai.Mais merci du commentaire et des encouragements quand meme

satanik angel : merci!

babygirl1 : merci aussi ('sais jamais quoi dire,pardon!)

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Re: Respire
Posté par donna987 le 24/08/2005 19:13:19
c'est vraiment vraiment bien !

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Re: Respire
Posté par isil76 le 24/08/2005 22:31:00
...pas de mots pour te dire bravo ni merci comme il faudrait

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Re: Respire
Posté par lunatiquement_cerise le 25/08/2005 02:25:52
c est un texte vrmt tres bien ecrit, au dela de l histoire, il a une bonnne syntaxe, c est captivant, c est bon.

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Re: respire
Posté par mc gregor le 25/08/2005 04:10:05
J'ai litteralement devore ton article...J'ai adore ton style d'ecriture...Tu decris si bien cet univers si glauque...Je vais devorer tes autres articles de ce pas...
Felicitations

Modifié le 25/08/2005 04:21:48

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Re: Respire
Posté par maya_des_prés le 25/08/2005 12:16:28
Impressionant, ton histoire est superbe. J'ai cru que c'était une histoire vraie tellement les mots, les sensations, les descriptions sonnent juste.

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Re: Respire
Posté par margo 008 le 25/08/2005 12:56:18
Je crois que tout à été dit, j'ai eu des frissons en lisant ton texte, ca peut paraitre vraiment con mais c'est ce que j'ai ressenti. C'est un tres bon texte, et surtout une tres "jolie" histoire...

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Re: Respire
Posté par pure-evil le 26/08/2005 20:18:09
Eh ben... J'en ai les larmes aux yeux... Dommage que cette histoire se termine comme ca... Mais BRAVO pr avoir ecrit ca... et dsl pour toi, si c bien ce que tu as vecu...

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