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Essai sur la nature de l'amour et de l'amitié...
Posté par windowman le 13/12/2005 00:00:56
La nature profonde de l'Homme est l'égoïsme. En effet, ce que l'on nomme communément "instinct de survie" et que l'on considère à juste titre comme un état primordial ne saurait être appelé différemment. Car une espèce qui ne donnerait pas la priorité à sa survie serait vouée à disparaître, l'égoïsme apparaît comme naturel et indispensablement essentiel. Ainsi, l'égoïsme n'est que la volonté de favoriser sa propre existence, et non pas un défaut, un vice, puisque il est inhérent à la nature même de l'Homme, comme pour tout être vivant. Cependant, l'Homme a une capacité particulière et unique à un tel degré dans le règne animal terrien : c'est l'imagination. Cette faculté qu'il a de pouvoir extrapoler presque naturellement toutes ses connaissances, de les mêler pour donner naissance à de nouvelles idées, est à la fois un don et un boulet. C'est-à-dire que, si d'une part cette capacité lui permet de se sortir de situations critiques par l'innovation, elle lui fait subir d'autre part un joug cruel : l'esclavage par le désir. Effectivement, puisque l'Homme donne bien naturellement la priorité à sa survie, il s'efforcera de son mieux, parfois paradoxalement même au risque de menacer sa propre vie, d'atteindre les buts qu'il se fixera comme indispensables à sa survie. Or, l'imagination permet de considérer toute chose comme une nécessité. Tout d'abord, l'Homme tente d'améliorer son environnement. Étant de nature concrète, l'Homme ne parvient actuellement qu'à trouver cette amélioration dans un enrichissement matériel, le point culminant de celui-ci étant la totale maîtrise de ce qui est à portée de pensée, donc la possession absolue de toutes choses et de tous êtres. On comprend bien dans ces conditions que la violence humaine est la conséquence logique de sa nature impérialiste. Puisque l'Homme ne recherche que la satisfaction totale de ce que l'on peut nommer son ego, il apparaît comme contradictoire qu'il se soit constitué en sociétés. Heureusement, l'Homme est peu capable seul et a besoin de l'aide d'une partie de ses semblables pour s'accomplir. Heureusement aussi, et c'est ce à quoi nous nous intéresserons, que si sa volonté égoïste et dominatrice est inflexible, sa notion d'ego est particulièrement souple. Ainsi est-il possible de distinguer trois types d'egos : l'ego personnel ou ego primordial, l'ego familial ou ego génétique et enfin, l'ego élargi ou ego social.
Le premier de ces egos, l'ego primordial, est clairement délimité en apparence, mais il est en réalité plus complexe. Il n'est pas uniquement préoccupations individuelles et individualistes, mais sa frontière peut au contraire presque atteindre celle de l'ego génétique (le nombre de personnes comprises dans cet ego primordial étant limité, parce qu'elles entretiennent des liens très forts avec le sujet, qui lui prennent un temps non négligeable qui n'est pas extensible à l'infini). En effet, l'ego primordial, qui est l'instinct de survie individuel, exacerbé par l'imagination, peut englober dans certains cas d'autres personnes avec lesquelles le sujet entretient des relations très étroites, presque psychologiquement fusionnelles (famille, amour, amitié. Aussi, pour ce groupe social primordial, le sujet ne fera strictement aucune différence entre ses propres intérêts et ceux du groupe : une atteinte à un membre du groupe sera perçue comme une agression personnelle et déclenchera une réaction personnelle intense.
Le second ego, l'ego génétique, peut, lui, sembler proche, voire similaire au précédemment cité, mais plutôt que faisant appel à une extension psychologique de l'être, il relève d'une extension biologique. En effet, le sujet défendra son groupe génétique avec d'autant plus de vigueur que celui-ci sera proche du groupe primordial. Le groupe génétique n'est en revanche constitué que d'éléments appartenant à une même famille, et par extension, les alliances "justifiées" par une descendance commune. Le sujet préservera son groupe génétique en tant que sa propre réserve d'ADN à perpétuer.
Enfin, ces deux premières formes d'egos peuvent être renforcées par la troisième : l'ego social. Cette identité est, elle, toujours fondée sur le sentiment d'appartenance à un groupe. Elle est le fruit d'une socialisation : c'est une intégration réussie à un groupe. Cet ego social, plus ou moins prononcé selon les circonstances historiques, selon l'efficacité de la socialisation préalable, est indispensable à une société. Une société qui n'a pas un ego social suffisamment fort chez ses membres est condamnée à l'explosion, car elle ne saurait faire privilégier un intérêt collectif à des individus ne recherchant que la satisfaction de leurs deux premiers egos.
Toutefois, il faut nuancer cette division en trois unités sociales : si elles sont relativement cloisonnées et ont leurs propres lois pour les régir (codes éthiques, politesse, lois, respect...), elles peuvent se mêler entre elles et donc se renforcer (c'est le cas par exemple pour une forte amitié entre les membres d'une même famille, ou bien lors d'un fort engagement personnel idéologique dans une cause collective), ou bien au contraire patholgiquement s'atrophier et disparaître (lorsque, par exemple, à la suite d'une socialisation inadéquate, l'individualisme fait loi et déchire une société, comme c'est le cas aujourd'hui, ou bien lorsque pour une personne il n'y a même plus l'ego primordial minimum et qu'elle en vient à se laisser agresser, ou même à souhaiter sa propre mort). Une société soudée et tournée vers l'avenir hypertrophie ces trois egos et tend à les fondre les uns dans les autres. Au contraire, une civilisation qui laisserait ou favoriserait un processus de cloisonnement ou d'atrophie de ces egos précipiterait sa fin en tant que société.
Considérons que l'Homme ne s'efforce que d'obtenir une amélioration de sa condition, puisque il est naturellement égoïste, dans le cas où ne survient aucune des pathologies évoquées auparavant. Toute relation entre deux individus nécessitant un effort réciproque de convergence vers un objectif commun, un lien social ne peut se créer et s'étoffer que s'il est bénéfique individuellement. C'est aussi le cas pour l'amour et l'amitié.
Commençons par étudier la relation amoureuse. L'amour entre deux individus est d'abord physique. Il est reconnaissance alchimique de l'autre comme partenaire reproductif intéressant. En effet, le but premier d'une vie étant la reproduction, le premier regard qu'un individu jette sur un de ses semblables est d'intérêt procréateur. Lorsque ce premier point est confirmé, ou tout au moins qu'il n'est pas nié, un rapprochement s'opère. Du fait que nos sociétés préparent depuis des millénaires l'enfant à la création d'une famille, qu'elles le fassent d'ailleurs bien ou mal, l'individu cherche ensuite un intérêt psychologique qui confirmera l'étape physique, une compatibilité présente satisfaisante des caractères en vue d'une stabilité procréatrice. Car la procréation ne se résume pas à l'acte sexuel, elle se prolonge par un soucis de survivance de la descendance, donc d'un minimum de prise en charge. Ainsi peut-on résumer par ces mots l'amour qui reste encore pour des raisons bassement matérielles un mystère : c'est l'échange de services relationnels convergeant vers une procréation réussie. Tel est l'amour de base. S'il paraît si énigmatique et aléatoire, c'est qu'il se bâtit principalement sur une réflexion inconsciente nourrie par des informations que des parties de notre corps que nous ne contrôlons pas consciemment nous fournissent. De plus, l'Homme étant un être vivant, il est en perpétuel changement, et une information vraie à un moment donné peut s'avérer obsolète et totalement erronée à un autre instant. C'est pourquoi l'amour a peu de chances de durer et qu'il faut le prendre en considération non pas dans une dimension future, et encore moins passée, mais dans un présent élargi aux responsabilités individuelles les plus indispensables. Par ailleurs, l'amour étant une conséquence de la priorité naturelle qu'est la dissémination génétique, il est illogique et contre nature de l'envisager dans une relation d'exclusivité autre que temporaire. L'amour ne devrait pas limiter les partenaires, bien au contraire ! Il ne doit être limité que par les responsabilités qu'engendre la procréation (éducation en tant que formation à une vie future optimisée de l'enfant).
Cependant, dans nos sociétés évoluées, la priorité procréatrice est moins pressante, d'une part parce que la socialisation ne l'encourage pas (fidélité, travail, manque de moyens, réussite sociale...) du fait qu'elle n'est plus réellement nécessaire (chômage, menace de surpopulation...), d'autre part grâce aux moyens de communication modernes. En effet, alors que jusqu'au XIXème siècle la survie à la mort ne passait presque qu'uniquement par une descendance biologique, grâce aux nouveaux supports d'information (livre, cinématographie, éducation faisant une grande place à la culture générale...), "faire des enfants" tend à devenir de moins en moins indispensable, puisque nos sociétés, se voulant spirituelles, prônent l'alternative professionnelle, artistique, politique, sportive, etc. à la nécessité d'une descendance. C'est pourquoi, aujourd'hui, l'amour tend en réalité à perdre de son importance face à la montée de l'amitié.
Une relation amoureuse qui dure perd rapidement son intérêt procréateur, à supposer que l'enfantement ne tarde pas, et fait place en réalité à une amitié grandissante parée de la routine gestuelle de l'amour, ou lorsque ce n'est pas le cas à des dissensions menant à une rupture du couple. Or, si l'amour devient de l'amitié, il perd par définition son caractère exclusif. En effet, si l'amitié semble moins intense que l'amour, puisque celui-ci est concret alors que la première est plus spirituelle, cela lui confère une plus grande solidité davantage enrichissante dans la durée que l'amour au sens strict qui, lui, est temporaire.
Quant à l'amitié, enfin, c'est peut-être la forme de relation la plus intéressante car la plus stable et par conséquent la plus enrichissante dans la durée. Effectivement, si l'amour tend à associer l'ego primordial et l'ego génétique, l'amitié, elle, qui associe plutôt l'ego primordial et l'ego social, trouve davantage sa place dans une société spirituelle où la procréation n'est plus systématiquement indispensable : elle est même devenue un choix. Aussi, l'amitié se trouve-t-elle donc plus adaptée que l'amour aux besoins modernes. C'est pourquoi il ne faut pas mettre l'amour et l'amitié en compétition, car ils sont complémentaires, mais au contraire favoriser un glissement de l'amour vers l'amitié, l'un n'empêchant pas l'autre, voire même enrichir l'amitié par l'amour, ce qui peut stabiliser des relations à un niveau de satisfaction optimum. Il est à noter que, actuellement, la notion d'amour regroupe à la fois l'amour de base et l'amitié. C'est cette addition procréatrice et solidarisante d'un couple qui est considérée comme normale, et célébrée par le mariage. Cependant, l'amour de base n'étant que temporaire, le temps passe et il ne reste plus du couple que deux amis très soudés par leur expérience passée commune et l'habitude de la vie ensemble. Si le couple dure davantage que cette étape et que cette étape ultime du couple advient à un âge où l'un au moins des partenaires est en pleine possession de ses moyens de procréation, le carcan de leur relation créera rapidement des tensions de plus en plus fortes qui se traduiront à terme par une rupture plus ou moins violente et une haine plus ou moins prononcée. Il y a toutefois des exceptions, relativement rares, lorsque les deux membres du couple sont si concentrés sur leur relation que rien dans leur environnement ne peut interférer, ou lorsque la socialisation a été si bien faite qu'aucun des deux partenaires ne puisse concevoir de revenir sur leurs engagements nuptiaux. Pour le premier cas irrégulier, tout peut très bien se passer tant que les partenaires ne regardent pas autour d'eux, ce que la curiosité naturelle de l'homme rend difficile. Pour le second cas, il y a deux optiques : soit les partenaires se trompent mutuellement avec d'autres personnes, en secret ou avec la volonté de l'aveuglement, soit le "couple" tombe dans la routine la plus totale, et tel l'autiste, ne vivra que pour ses repères habituels, ce qui déprécie énormément la qualité de la vie, et qui se résume à gâcher son existence.
Au vu du raisonnement précédent, il paraît évident qu'un couple ne peut être envisagé sérieusement que dans un présent élargi (une vingtaine d'années pour les générations issues de la culture responsable des derniers siècles quant à leurs familles, une petite dizaine pour les dernières générations qui ont été mal socialisées et dont les valeurs sont tronquées (narcissisme, individualisme, opportunisme, etc.). De même, pour optimiser notre existence, il faut bâtir nos couples sur la base de l'honnêteté de façon à le rompre lorsque l'amitié fait place à l'amour, avant que la haine, l'hypocrisie ou bien la routine ne s'installent. La fidélité est nécessaire à un couple pour qu'il puisse s'épanouir, mais certainement pas à vie ! Le carcan du couple et des responsabilités n'est supportable que lorsque l'amour est là. Aussi faut-il passer au delà des valeurs transmises depuis des siècles par les cultures religieuses qui ignoraient trop les besoins et le fonctionnement humains. Il faut savoir aborder les choses raisonnablement, avec réalisme et responsabilité. C'est la clef selon moi du bonheur familial.


Petit ajout dû à l'expérience

Ceci était mon état d'esprit et l'état de ma réflexion avant de rencontrer celle qui deviendra très certainement ma femme. Depuis, ma conception des choses a changé. Seulement, je trouvais intéressant de vous faire partager un point de vue que je croyais unique mais qui, finalement, ne doit plus relever que d'une partie importante des relations humaines. Finalement, après expérimentation, je peux ajouter qu'une relation à vie harmonieuse est envisageable, désirable et épanouissante sous certaines conditions. Pour moi, concernant l'amour, mais cela peut être aussi décliné sur le mode de l'amitié, dans une moindre mesure, pour qu'il soit réussi, il doit accorder dans la vie de l'un la place que mérite l'autre. Je m'explique. Tout individu a pour lui un désir d'épanouissement émotionnel, un désir d'épanouissement culturel, et un désir d'épanouissement social. L'amour doit laisser la place à l'épanouissement de ces trois facettes de la construction de l'individu. C'est-à-dire que, mutuellement et réciproquement, les deux membres d'un couple doivent sacrifier à l'autre une partie de leurs désirs, la part de caprices inhérente à notre animalité, mais respecter la part de spiritualité de l'autre. Cela signifie, généralement, que l'homme ne doit pas faire salon bière-foot tous les soirs avec sa bande de copains devant la télé, tandis qu'une bobonne bien trop gentille et méprisée serait reléguée au placard de la cuisine, et inversement, que la femme ne doit ni épouser ce travers de l'homme, ni concevoir le sien (là, j'avoue qu'à part la susceptibilité sensible de la femme qui peut donner lieu à des vexations et des crises de larmes à tous propos, choses incompréhensibles à l'homme et par conséquent difficilement gérables, je manque d'exemples !). Chacun doit respecter l'autre et renoncer à une part de liberté. Tout sacrifice à l'autre consenti de bon gré et respectant les paramètres que je viens d'évoquer se traduit par un approfondissement de la confiance, de l'affection, de l'attachement et de l'intimité entre les deux parties, qui comble au centuple cette insignifiante privation.
Alors oui, l'homme est un bonobo dont le cerveau fait yo-yo entre le crâne et les testicules, et oui la femme est une reine qui ne souffre pas la désobéissance. Mais bon. Le bonobo est aussi un homme, et en couple doit se comporter en tant que tel, et la reine est aussi la moitié de ce couple et doit donc accepter de ne pas tout contrôler. Dans la mesure où l'équilibre est satisfaisant et le respect du principal étant assuré, chacun doit y chercher le contentement. Le couple est donc une affaire de volonté, une entreprise à risques dont le bénéfice vaut la peine de faire des efforts. Pour ma part, j'ai tout quitté pour celle que j'aime et m'en réjouis un peu plus chaque jour. Nous sommes tout dévoués l'un à l'autre, et c'est une joie perpétuelle que de s'évertuer à faire le bonheur de l'autre. Et chacun y trouve son compte et la force de concrétiser ses rêves. Alors osez !

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Re: Essai sur la nature de l'amour et de l'amitié...
Posté par chouquette le 16/12/2005 15:19:09
Interprétation très juste!! Pour ma part j ai mis un ptit 10. A quant un texte sur la place des homosexuels dans la société? Car est ce là une question simple?

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Re: Essai sur la nature de l'amour et de l'amitié...
Posté par tchit le 17/01/2006 16:13:18
Sacrément belle analyse ! Pour ma part je suis impressionné et tout à fait content de cette reflexion.
Maintenant je pense qu'il faudrait l'avis d'un philosophe.

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Re: Essai sur la nature de l'amour et de l'amitié...
Posté par windowman le 17/01/2006 23:28:38
Mirchi. Mais, je me rends à l'évidence, ce n'est pas un best-reader !

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Re: Essai sur la nature de l'amour et de l'amitié...
Posté par banzaii le 06/04/2006 22:18:45
Je ne suis pas philosophe, mais j'ai a-doré
Merciii pour c moment

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Re: Essai sur la nature de l'amour et de l'amitié...
Posté par flougaussien le 20/11/2007 19:53:39
Je n'ai pas retenu grand chose de cet article et ne sais pas bien quoi en penser... Désolé de ne pas être plus clair, ce n'est pas très constructif ^^

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Re: Essai sur la nature de l'amour et de l'amitié...
Posté par windowman le 21/11/2007 05:55:18
Pas de problème... C'est une réflexion que j'avais menée en seconde. Je ne suis pas convaincu de sa pertinence, mais je trouve toujours intéressant de matérialiser ces cercles d'identité. Après, chacun en fait ce qu'il veut ^^

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