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Éric et Caroline
Posté par nosepicker le 20/08/2004 07:54:04
Deux inconnus, deux histoires un peu semblables et personne pour les comprendre sinon qu'eux seuls au monde.

Quatorze ans, cheveux noirs, yeux aussi très sombres, traits plutôt durs, un passé pas très drôle et un futur qui ne s'annonce pas reluisant. C'est Éric. Il y a longtemps que plus personne ne s'occupe de lui. Plus que timide, silencieux ou solitaire, il est complètement replié sur lui-même comme si le monde extérieur n'avait pas la moindre réalité. Depuis qu'il n'a que neuf ans, ses seuls mots se résument aux "présents" qu'il murmure lorsqu'on appelle son nom au début des cours. À l'école, on a bien essayé de comprendre, de l'aider, mais Éric refuse de répondre aux questions qui lui sont posées. Après de nombreux refus de parler de la part de l'adolescent, on l'a laissé tranquille en décrétant qu'il était tout simplement extrêment gêné. S'il avait été un mauvais élève, un fauteur de troubles ou quelque chose du genre, on aurait continué à lui prêter attention sauf qu'Éricc est si calme qu'on l'oublie souvent, trop souvent peut-être. À cette même école, ceux qui le connaissent depuis longtemps ne se rappellent même plus du petit Éric qui, à cinq ans, est entré à l'école en riant, ses petits yeux foncés brillant de ravissement et de joie de vivre. On ne se souvient que du Éric qui s'est complètement métamorphosé à l'âge de neuf ans. Cette année là, il a cessé de rire, de parler, de porter attention aux autres... À l'époque, beaucoup de gens se sont demandé pourquoi il avait changé si subitement, mais le temps a passé et on s'est résigné à laisser Éric seul dans son monde. Personne ne sait ce qui s'est produit et aujourd'hui, plus personne ne s'y intéresse.

Ce matin, Éric s'est battu avec un garçon beaucoup plus grand et plus fort que lui. Inutile de préciser qu'il est sorti perdant de cet affrontement. Beaucoup de sang, une dent en moins et une fulgurante douleur au crâne sont ce qui lui remémorent sa bataille de l'avant-midi. Parce que si ce n'était pas de ça, Éric ne se souviendrait plus du tout qu'il s'est battu. Son corps a mal, mais son esprit est à des kilomètres plus loin en train d'essayer d'évacuer toute la tension accumulée ces derniers temps. La douleur corporelle, il s'en moque : il y est habitué. Depuis cinq ans, il se fait taper dessus à longueur de journée alors un coup de plus ou de moins, ça lui est égal. Il y cinq ans, son père a disparu dans la nature et n'a plus donné de nouvelles. Peu après, sa mère est tombé en amour avec un homme qu'Éric n'aime pas du tout. Et depuis que cet homme vit chez eux, c'est son agressivité qui fait la loi. Sa mère, elle, l'aime à la folie. Elle approuve tout ce qu'il fait par crainte de le perdre. Alors lorsqu'il bat Éric, elle ne dit rien. Depuis cinq longues années, Éric se lève, se fait frapper par son beau-père, va à l'école, se fait battre à nouveau quand il est de retour... Toutes les sautes d'humeur de cet homme, c'est lui qui les subit. Il y a maintenant cinq qu'il essaie de s'habituer, d'oublier, de ne pas y penser, mais il y pense tellement qu'il a de la difficulté à réaliser que le monde extérieur existe encore. Avant de se confier aux autres, il veut essayer de panser ses blessures tout seul. Quand tout le monde a arrêter de le questionner au sujet de son changement d'attitude, il avait été grandement soulagé. Et ce matin, il a tout gâché. Maintenant qu'il s'est battu, ils vont recommencer à l'embêter et il n'en a pas envie. Il se demande encore comment il a pu faire ça, lui, si calme, qui ne s'occupe jamais des propos des autres. Il n'a jamais cherché les conflits, c'est juste que ce matin, il ne savait plus quoi faire. Toutes ses histoires tristes étant inédites, sa vie est devenue quelque chose d'un peu hors de contrôle.
Ce matin, ce n'est pas son beau-père qui lui a fait du mal, c'est sa petite maman qu'il aime tant. Ce matin, son seul repère, la certitude que sa mère ne lui ferait rien, a été détruit. Et lorsque Paul lui a crié après parce qu'il refusait de jouer à la balle, Éric lui a sauté dessus sans réfléchir. Il a peur des conséquences de cette bataille. Il a peur qu'on l'interroge, c'est pour cette raison qu'il sauvé quand Paul a enfin arrêté de le frapper. Présentement, il est au parc, assis sur son banc préféré à l'ombre du grand saule, il pense. Il pense à tout. Il pense à tout ce qui est arrivé, à tout ce qui pourrait se produire et il tremble de peur.


Dix-sept ans, cheveux blonds, yeux verts profond, des traits délicats, un passé pas très drôle non plus et un futur qui semble assez incertain. C'est Caroline que personne n'a jamais comprise. Sans être aussi introvertie qu'Éric, c'est une solitaire. Elle a quelques amis qui ne savent pas grand chose d'elle même s'ils croient le contraire. Certes, ils en savent beaucoup sur sa personne, mais aucun de connaît son plus grand secret. Ils pensent tous qu'elle est la fille la plus heureuse de la planète entière. Ils se trompent. Elle n'est pas heureuse, elle est malheureuse. Parce que sa famille est riche, tout le monde est convaincu qu'elle ne manque de rien et que sa vie est parfaite. Comme si l'argent faisait le bonheur ! Le jour de ses dix-sept ans, elle s'est ouvert les poignets. Elle s'en est tirée indemne par on ne sait quelle chance... ou malchance, tout dépend du point de vue. Tout le monde s'est demandé pourquoi elle avait ça. Elle était riche, elle était belle, elle avait tout... Mais son père la battait et la bat encore tous les soirs et la veille de son anniversaire, il l'a violée. Le lendemain, Caroline avait décidé qu'elle en avait assez. Sauf que ça n'avait pas marché et elle n'avait pas réessayer depuis, même si elle l'aurait souhaité. Pour elle, ses parents ont déniché le meilleur psychologue en ville. Elle doit maintenant y aller quatre fois par semaine à raison de deux heures par séance. Pourtant, elle ne dit jamais rien sur ce qui l'a poussée a vouloir mourir. Le psychologue qu'on lui fait voir est un des meilleurs amis de son père. Cette semaine, son père était en voyage. Le fait qu'il s'éloigne un peu lui a fait du bien. Elle a continué à aller voir le psychologue, elle a continué de se taire, mais pour une fois, elle se sentait presque bien. Pour cacher les marques de coupures sur ses poignets, elle s'est fait tatoué une étoile rouge et bleue sur chacun d'entre eux. Sa mère n'en a pas fait de cas parce qu'elle s'en fiche tout comme elle se fiche du reste. Par contre, son père, lui, ne s'en moquera pas. Il sera tellement fâché que Caroline n'ose même pas imaginer ce qui se produira ce soir lorsqu'elle rentrera à la maison. Après sa rencontre avec le psychologue, la jeune fille s'est dirigée vers le parc. Quand elle ne sait plus quoi faire, c'est là qu'elle va. À l'ombre du grand saule, elle réfléchit. Souvent, elle ne sait pas plus où elle en est, mais elle se sent quand même mieux.


Quand il l'a vue arriver, Éric a su qu'elle n'était pas comme les autres. Il la reconnaît, il l'a aperçue à l'hôpital lorsqu'il est allé faire examiner son bras cassé. C'était il y a trois mois. Elle n'a plus les poignets bandés, ils sont plutôt décoré d'une étoile rouge et bleue, mais elle a toujours l'air aussi mélancolique que cette journée pluvieuse du mois de mars où il l'a vue à l'hôpital. Elle aussi l'a reconnu. Lorsqu'elle était hospitalisée après sa tentative de suicide, elle l'a vu attendre en se tenant le bras et elle l'a vu repartir plâtré. Elle avait tout de suite deviné que les larmes dans ses yeux n'avaient rien à voir avec son bras. En voyant qu'il y a toujours des nuages dans ces yeux déjà sombres, elle sait qu'elle a eu raison ce jour là.
Sans dire un mot, elle s'est assise à côté de lui. Ils se sont regardés, incertains de ce qu'ils devaient faire. Les yeux dans les yeux, ils n'ont pas eu besoin du moindre mot pour comprendre que la même douleur, le même désespoir les habitait. Si la douleur physique s'évanouit avec le temps, la douleur mentale prend parfois plus que toute une vie pour disparaître. Entre leurs yeux, que le souffle du vent et pas celui de leurs voix qui disaient à quel point ils souffraient. Les mots, ils n'en avaient pas besoin. La certitude que quelq'un les comprenait enfin était suffisante.


Ce soir là, Caroline n'est pas rentré chez elle;Éric non plus. Il a laissé un mot à sa petite maman pour lui dire qu'il ne rentrerait pas demain non plus, ni après-demain ni avant longtemps. Caroline n'a rien dit à ses parents. Ils sont partis sans trop savoir où ils allaient, sans trop savoir ce qui les attendait, mais ils savaient que le pire n'était pas à venir.

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Re: Éric et Caroline
Posté par mary black le 20/08/2004 07:54:04
Très touchant, bravo.

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Re: Éric et Caroline
Posté par ma@ le 20/08/2004 07:54:04
VRAIMENT TRES EMOUVANT EXCELLENT CONTINUE COMME CA

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Re: Éric et Caroline
Posté par nanosuperstar le 20/08/2004 07:54:05
chuis à deux doigts de pleurer. Bravo pour cet article, on dirait que tu l'a vraiement vécu....

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Re: Éric et Caroline
Posté par moctezuma le 20/08/2004 07:54:05
la fin est .....................classik enfin chais pas jnote bon kan meme

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Re: Éric et Caroline
Posté par charana le 20/08/2004 07:54:05
putain... g failli pleurer... j peu pa comprendre sa mai... bon j me tai mai c vmt génial!!!

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Re: Éric et Caroline
Posté par bidi le 20/08/2004 07:54:05
en un mot : emmotion ! y a bcp d'emmotions ! Ton article est sublime ! Merci pr ce beau texte....

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Re: Éric et Caroline
Posté par mc gregor le 25/08/2005 04:20:20
Ton article m'a beaucoup plus et emu...

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Re: Éric et Caroline
Posté par lunatiquement_cerise le 25/08/2005 13:09:02
c ets un bon article comme le precedent.

Encore une fois, en plus d avoir un jolie histoire ton style syntaxique ne comporte presque aucun defaults !
c est bon

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Éric et Caroline
Posté par idder-mahdi le 28/10/2005 02:05:55
ben je t'assure que c'ete un bon comenaitre et je te donner 10 sur 10 je te felicite
et bonne contunuation
bisou

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