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Un sacré coup de vent
Posté par rmcriolo le 20/07/2013 00:00:02
Le Tour de France est la plus grande course cycliste de la saison. Elle a un goût très différent des autres car tout le monde s'y intéresse un minimum rien que pour l'ambiance populaire qui s'en dégage, même ceux qui, d'habitude, s'endorment à la vue d'une simple bicyclette. C'est pour cette raison qu'il fallait absolument avoir une pensée pour ces néophytes, ces amateurs de vélo pendant trois semaines dans l'année, qui entendirent, en démarrant leur voiture, que Christopher Froome avait été la principale victime, même si les larmes coulants sur les joues d'Alejandro Valverde sont bien plus chaudes encore.
Le principe de la bordure est simple mais son explication bien plus complexe. Un évènement comme une bordure se produit dans une zone au relief plat où il est extrêmement compliquée de s'abriter du vent. Il faut également que la direction du vent soit défavorable et en langage cycliste, un vent défavorable est un vent de côté. Le vent latéral est le pire ennemi du coureur cycliste car le moindre écart fait avec un cycliste précédant peut lui être fatal. C'est donc un simple vent qui fut à l'origine d'une des plus belles étapes de ce Tour du Centenaire.
Pourtant, ce n'est pas sur ces routes rectilignes qui séparaient le départ de Tours de l'arrivée dans les rues de Saint-Amand Montrond, centre de la France selon ses habitants. Une étape s'inscrivant dans la logique Nord-Ouest, Sud-Ouest qu'emprunte le peloton pour rejoindre la dernière semaine qui s'ouvrira dès demain dimanche dans les Alpes. Mais une étape où l'on n'attendait pas une telle influence du vent. Et lorsque le vent veut jouer les troubles-fêtes, certaines équipes des Flandres et des Ardennes sont mieux armées pour se battre.
Il n'était donc pas étonnant de voir l'équipe belge Oméga Pharma Quick-Step s'engager aux avants du peloton, alors en train de contrôler les quatre petites minutes d'avance que comptaient les six coureurs partis des le kilomètre zéro comme il est coutume de faire depuis le début du Tour, dès que les premiers coups de vent se firent sentir dans leurs oreilles. Une accélération dont le but clair était de lâcher certaines grosses cuisses du sprint comme l'allemand Marcel Kittel, vainqueur de trois étapes mais surtout adversaire attitré de Mark Cavendish, qui se trouvait alors au milieu du peloton. Kittel hors course, il restait tout de même André Greipel, Peter Sagan et Alexander Kristoff pour empêcher une seconde victoire dans ce Tour de France 2013 du sprinteur de l'Ile de Man. Donc, quant à trente kilomètres de la ligne d'arrivée, l'équipe Saxo-Bank remit une petite couche en accélérant à son tour, Sylvain Chavanel sauta sur l'occasion d'ejecter d'autres concurrents de son leader. Il ne restait alors que le maillot vert slovaque que le champion britannique sur route ne tardait pas de larguer dans les deux-cents derniers mètres.


Valverde perd dix minutes et ses derniers espoirs

Seulement, la formation belge ne fut la seule bénéficiaire de cette folle étape. Son voisin néerlandais, anciennement Rabobank et aujourd'hui Belkin sur ce Tour de France, rejoignit rapidement les hommes d'Oméga Pharma Quick-Step en tête de la meute et fut pour beaucoup des premières cassures occasionnées qui pris au piège Thibaut Pinot et Romain Bardet entre autres. Ils furent également pour beaucoup du second coup de bordure qui pris au piège Chris Froome, qui permit à Bauke Mollema de s'emparer du rôle de dauphin du classement général tout en se rapprochant à deux minutes et vingt secondes de l'homme à la tunique jaune. Un gros coup qui pourrait paraître totalement imprévisible "on avait un peu prévu le coup quand même. Nous sommes holloandais tout de même. Le vent, on connait, on sait le gérer et l'utiliser à notre avantage. Donc, c'est vrai qu'au briefing, on a étudié les conditions météo et le vent aussi. Dès qu'on a eu le feu vert, on n'y est allés. On s'était préparé" avouait Laurens Ten Dam, maintenant cinquième au classement général.
Laurens Ten Dam parlait d'avantage en parlant du vent. Ces mêmes mots, assurément, ne sortiront pas de la bouche des battus du jour. Le premiers d'entre-eux, Alejandro Valverde, qui a perdu le Tour sans avoir fait d'erreur, seulement à cause d'une collision "on nous avait dit avant l'étape qu'il y aurait du vent et peut-être même pas mal de vent. Tout le début de l'étape, on est à l'avant du peloton. Quand Omega Pharma Quick-Step se met à rouler très vite, on fait l'effort pour rester bien placés. Quand il y a la première cassure, aucun Movistar n'en fait parti. Mais le peloton était nerveux donc il fallait frotter. J'ai juste senti quelqu'un me rentrer dedans. Ma roue était cassée. Je devais changer de vélo. On a fait cela très vite mais ça n'a pas suffit visiblement" tentait d'expliquer, abattu, le leader de la formation espagnole. Tous les équipiers de Valverde, mis à part le colombien et encore en course pour le général Nairo Quintana, sont dépêchés pour attendre et aider le deuxième du général à revenir dans le premier groupe des favoris. Dans un premier temps, Valverde revient à quinze secondes dans un petit groupe dont faisait également parti Marcel Kittel mais il ne parvient pas à faire la jonction, notamment à cause de l'accélération en tête de course portée par l'équipe Belkin. Bien qu'agacé par l'attitude des hollandais, ce ne sont pas eux qui ont été les cibles de Valverde "qu'Omega roule, c'est normal parce qu'il jouait pour gagner l'étape avec Cavendish. Quand je vois Belkin rouler, je me dit que ce n'est pas dans l'esprit du sport de se débarasser d'un adversaire de cette manière mais je peux comprendre qu'ils veuillent m'évincer. Ce que je n'ai pas compris, c'est que l'équipe Europcar se mette à rouler quand j'ai mon ennui mécanique. Ils ne sont pas dans la course au classement général. Et le maillot à pois de Pierre Rolland n'était pas en jeu. C'était sûrement par plaisir de voir un des favoris mal en point". Quand il dit ces mots, il est clair qu'Alejandro accusait le coup mais il ne se laissera pas aller pour la suite "je ne suis plus dans le coup pour jouer le classement général. Je suis déçu de perdre pour une histoire de malchance mais c'est le sport qui veut ça et il faut savoir l'accepter même si c'est dur à avaler. Mais je n'ai pas le droit de laisser filer. Il y a une troisième semaine somptueuse à disputer dans des endroits magnifiques. On a Nairo Quintana qui est encore bien placé. Je pense qu'il est en mesure d'attaquer et de faire bouger les choses. C'est d'ailleurs ce que l'on essaiera tous de faire au sein de l'équipe. Certains ont voulu m'éliminer alors que j'avais juste un ennui mécanique, ils vont voir que j'ai encore les jambes pour gêner".


Contador mieux équipé que le maillot jaune

Sylvain Chavanel, une fois qu'il lança parfaitement le sprint de Mark Cavendish, parla "d'une étape extrairdinaire". Sûrement pas pour Valverde mais les enseignements à tirer de cette étape soit disant de transition sont nombreux comme la faiblesse de l'équipe Sky, déjà en difficulté dimanche lorsque Chris Froome se retrouva complètement seul à plus de cent kilomètres de Bagnères de Bigorre, et encore loin de ses hautes ambitions hier après-midi sur les routes dégagées du centre de l'Hexagone. Sur l'accélération subite de l'équipe Saxo-Bank Tinkoff qui sera fatale au natif du Kenya, l'équipe britannique s'est révélée incapable de protéger son leader porteur de la tunique jaune qui n'était accompagné que de Geraint Thomas. Une situation difficilement acceptable pour un des directeurs sportifs de Sky, Nicolas Portal "on a été très mauvais dans l'approche de cette étape. Ce qui est arrivé n'est pas normal. Il fallait être plus rigoureux pour mettre Chris à l'abri. Ce qui nous a fait le plus de mal, c'est l'absence d'Edvald Boasson Hagen. On a clairement perdu une bataille mais la guerre est longue et on garde un peu de marge".
Cette marge, elle n'est plus que de deux minutes et quarante-huit secondes sur Alberto Contador, instigateur du coup de trafalgar "c'était irrespirable. Il y avait pas mal de nervosité à cause du vent qui avait fait des dégâts plus tôt dans la course. On savait qu'il y avait encore un coup à jouer avant la fin de l'étape. Dès qu'il a senti le vent, Alberto m'a crié de rouler à fond. J'ai gueulé pour que Michael Rogers me rejoigne. Alberto est allé chercher Daniele Bennati et c'est parti" temoignait le sourire en coin, Nicolas Roche, partenaire du madrilène. Ce dernier a montré ses faiblesses dès que la route s'élève ou lorsque il faut rouler contre le chrono mais cette grinta pourrait faire la différence "quand on voit ce qu'à fait Froome à Ax 3 Domaines, on sait que ça va être compliqué de rivaliser même s'il n'est pas à l'abri d'une défaillance. Alors il faut lui prendre du temps dès que l'occasion se présente comme aujourd'hui. Je suis encore loin au général mais c'est peut-être le déclic psychologique qui fera la différence". On y arrive dans cette troisième semaine et on se dit que tout est possible...

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