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Entre un homme et un oiseau

Parfois on se dit que notre vie est vraiment chiante ! Alors on rêve de vivre dans la place d'un autre ou être dans la peau d'un autre ! ça arrive nn ? Avec cette petite histoire vous allez surement changer d'avis... A vous de dire ce que vous en pensez...


Un jour, en voyant passer un homme, un oiseau a dit :
_ ah ! Si j'étais un être humain. J'aurais des mains pour construire de grandes maisons parsemées de jets d'eau et de statues de bronze, pour labourer la terre, en faire des prés, des vergers et des jardins, peindre de gigantesques tableaux aux couleurs fascinantes, et caresser ma compagne et les cordes d'une cithare... J'aurai des pieds aussi et non des pattes pour marcher dans le monde, en quête de beauté, m'aventurer partout au gré de mes fantaisies... J'aurais dans ma tête de quoi pavoiser mes solitudes, de quoi inventer des romances et des contes de fées; une tête savante qui trouve à chaque porte une clef, dans laquelle je garderais mes beaux souvenirs pour en mourir mon sommeil de songes légers... ça doit être merveilleux d'être un homme. Je connaitrais le maître de toutes les créatures sur terre. Plus beau qu'un phénix, plus fabuleux qu'un centaure !
L'homme s'est arrêté, et, à l'oiseau, a répondu :
Si tu étais un homme, oiseau, tu apprendrais les mensonges dans chaque prophétie. Tu connaîtrais la souffrance dans chaque éclat de vie. T'es rêves se confondraient aux chimères et tes espoirs aux utopies. Car tu naîtrais dans la douleur pour y vivre et mourir. Tu auras des mains pour battre et déchirer aussi, pour t'agripper désespérément aux barreaux des prisons, pour t'arracher les cheveux au moindre insuccès et fabriquer des armes pour semer la tragédie. Des mains qui giflent, accusent, condamnent, qui tremblent souvent, qui te trahissent, qui t'obligent à voler; à tricher... Des mains enfin pour te tromper au point ou tu passerais ta vie a vouloir façonner le monde avec le bout de tes doigts... Tu auras des pieds pour traîner dans la boue... Pour porter des chaines et des boulets de forçat aussi... Et enfin des pieds pour te tromper, au point de passer ta vie à vouloir arrêter le temps avec le bout de ton talon... Tu aura une tête pour y enfermer tes plus navrants souvenirs aussi, pour comploter et tresser en silence d'épouvantables desseins, pour inventer des poèmes tranchants comme des couteaux qui te tortureront d'insomnies chaque nuit... Une tête, enfin, pour te tromper, au point de passer ta vie à vouloir surpasser Dieu du bout de ton génie... Tu seras alors l'Homme, cette créature plus démente que triste, qui subsiste de cauchemars et de rêver insensés, jamais satisfait, tu oublierais la Beauté dans les charmes mensongers, courant on ne sait comment vers un but inconnu. Tu verrais l'Homme, cet animal sans laisse et sans salut, qui...
_De grâce ! S'est écrié l'oiseau en agitant ses ailes, soudain ébouriffées... Si un homme est capable de parler ainsi, je préfère rester l'oiseau que je suis.
Un jour, dans les jardins ensorceleurs de son palais, au passage d'un merle, un sultan a dit :
_ ah ! Si j'étais un oiseau. J'aurai des ailes pour voler par delà les grands arbres, par-delà des nuages des soucis. Dans chacun de mes envols, j'émerveillerais les enfants et j'emplirais les jours de mes pépiements. Je me construirais un nid dans un coin de branche, sous une feuille de platane ou dans l'ombre d'un palmier. Je n'aurais ni projets, ni folle ambition. Je me contenterais de rester le premier oiseau qui fut. La guerre, la gloire, les colonies, me seraient étrangères. La vilenie, la traîtrise
, l'angoisse me serait inconnue. Je vivrais modeste dans mon modeste plumage, et quand je gazouillerais, nul ne saurait si je pleure ou si je chante. Les branches, les feuillages, les berges des rivières, la jacinthe, la fougère et le petit bosquet, me seraient trônes éternels. Je chanterais l'ivresse de mon âme et de ma liberté, et symboliserais l'innocence dans sa suprême beauté.
Le merle s'arrête, et sur une fleur, vient se percher. Au sultan rêveur, il a répondu :
_ Si tu étais oiseau, Altesse, tu perdrais tes châteaux, ton harem et tes sujets pour le perdre à jamais dans la petitesse et la fragilité. Tu vivrais peu d'années et très peu de liberté. Tu serais hanté par le moindre bruissement, sachant qu'à chaque insouciance, tu risques d'être mangé. Des couleuvres silencieuses grimperaient tuer tes petits. Quand ce n'est pas la foudre d'un fusil qui t'abat, c'est une flèche effilée que t'adresse l'archer. Et si, des fois, tu échappes aux serres du trépas, tu continueras de vivre en danger jusqu'à l'épuisement. Les fils d'Adam te pour chasseraient à travers les bois. Ils te dresseraient des pièges et bien d'autres gadgets. Et quand ils te capturent, ils te mettent dans une cage où tu passeras ta vie triste et éplorée. Dans les maisons des humains, tu n'es plus un oiseau. Tu deviens un meuble, vivant dans un décor si artificiel. On te montrera aux invités comme on montre une curiosité et on t'écoutera pleurer en disant que tu chantes...
Oui, Altesse, la vie d'un oiseau n'est pas commode du tout. Un oiseau ne vit pas ; il ne fait que reporter sa mort à des dates ultérieures
Le sultan saute sur l'oiseau, l'attrape et le met dans une cage. Il lui donne de l'eau et de grains de millet. Et au crépuscule de ce jour, il lui dit :
_N'empêche, merle ! Je voudrais quand même être un petit oiseau.
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Re: Entre un homme et un oiseau
Posté par bero le 21/01/2010 20:48:39
Texte qui me fait penser à une fable de La fontaine :)
Hé bien oui, il faudrait que les gens fassent plus avec ce qu'ils ont, et qu'ils découvrent leurs pouvoirs cachés. Pourquoi sacraliser et vénérer l'autre alors que nous sommes nous mêmes bons et forts?
Re: Entre un homme et un oiseau
Posté par angella le 29/07/2009 19:29:34
waou trè instructif
Re: Entre un homme et un oiseau
Posté par cissoux le 25/07/2009 23:33:27
joli texte; moralité développée pour ton age :)
Re: Entre un homme et un oiseau
Posté par delfsan le 24/07/2009 22:22:13
belle leçon. nous ne sommes jamais content de notre sort ...
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L'auteur : Nedjma Djadja
31 ans, Bejaia (Algérie).
Publié le 24 juillet 2009
Modifié le 05 juillet 2009
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