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Et soudain, Perpignan a tout perdu

Le suspense pour connaître l'équipe qui rejoindrait Biarritz en Pro D2 tint toutes ses promesses. Et en une minute, tout bascula.


On va essayer de se représenter une saison de Top 14. Une saison de Top 14, c'est vingt-six journées disputées âprement week-end après week-end. Les six premiers filent en play-offs pendant que les deux moins bien classés se voient rétrograder à l'échelon inférieur. Même si l'excitation est plus présente en ce qui concerne le haut du tableau, le bas réserve également son lot d'émotions fortes et son dénouement dramatique. Il parait donc très compliqué que sur 2080 minutes (il suffit de multiplier 80 par 26), le destin d'une équipe se joue sur une seule minute, sur une action, un mouvement, une inspiration ou une simple erreur.
A l'orée de cette vingt-sixième et ultime journée, quatre équipes se disputaient les dixièmes, onzièmes et douzièmes places, le but étant forcément d'éviter la treizième place. Ces équipes étaient Bayonne, Grenoble, Oyonnax et Perpignan. Le club basque fut rapidement hors du sprint car il prenait rapidement l'avantage sur Castres et qu'il n'avait plus à craindre sa place dans l'Elite. Grenoble aussi n'avait pas trop à s'en faire. Il allait à Toulouse, avec la certitude d'encaisser une sacrée claque et c'est ce qui se passa hier, et savait que pour redescendre, il fallait que Oyonnax s'en aille gagner à Brive et que dans le même temps, Perpignan fasse la même chose à Clermont. Tout se jouait donc à Amédée Domenech et Marcel Michelin.
180 kilomètres séparent Brive de Clermont. En Auvergne, les Catalans tinrent tête pendant plus d'une heure à des Clermontois pas dans leur meilleur jour. Perpignan évita le pire quand l'arbitre refusa un essai de Wesley Fofana pour une faute de main au sol de Julien Malzieu un peu plus tôt dans l'action. L'USAP se voyait accorder un sursis de quelques minutes pendant lesquelles il lui fallait défendre ce match nul. Ce sursis ne dura pas plus de trente secondes car sans accorder l'essai de l'International français, l'arbitre revint à une faute perpignanaise. Morgan Parra ne pût s'empêcher d'exécuter la punition. "Je savais que si on était mené de trois points, il ne fallait pas aller chercher la victoire car je savais un peu ce que faisait Oyonnax et qu'un match nul suffirait" expliquait Marc Delpoux, le manager des Jaunes et Rouges. Mais sur les dix dernières minutes, jamais ils ne furent en capacité d'obtenir quoi que ce soit et ils furent même pénalisés sur une faute de Vilaceca que Morgan Parra ne transforma pas. Malgré le bonus défensif dans la besace, Perpignan perdit ses derniers espoirs quand il apprit ce qu'avait fait Oyonnax de son côté en Corrèze.


Bousquet permet à oyonnax de rester en top 14

La minute qui bascula le destin d'Oyonnax et de Perpignan se passa à Brive. Il est 16h28 lorsque Jonathan Bousquet va filer tout droit vers un essai dans le coin. Un essai qui ramène Oyonnax à deux points de Brive et qui lui donne un point de bonus. Le manager d'Oyonnax, Christophe Urios commente "c'est assez énorme de se dire qu'une saison se joue sur un point, un seul petit point. Cet essai de Jonathan est capital mais je ne pense pas que ce soit cette action qui nous fait maintenir en Top 14. Je pense qu'il faut revenir à plus tôt". Quand il parle de "plus tôt", cela veut dire onze minutes plus tôt. Christophe Urios fait directement allusion à l'essai de Péjoine pour le... CA Brive. Difficile à croire, mais il semble bien que se soit cet essai encaissé qui soit la principale cause du maintien oyonnaxien. Christophe Urios poursuit "Quand on encaisse cet essai, on est mené 19-3. Autant dire qu'on est au fond du trou mais je pense qu'avoir atteint le fond et le fait de se retrouver si près de la relégation à eu l'effet d'une bonne douche fraîche qui réveille et remet les idées bien en place". Tout ça parce qu'avant l'essai briviste, le match d'Oyonnax fut vide dans le jeu et même dans l'envie. "Je pense bien qu'on a fait notre pire match de la saison. On n'était très loin en tout et le fait de ne plus rien avoir à perdre nous à transformé" indiquait Thibaut Lassalle. La fin de match, c'est Christophe Urios qui explique "je ne voulais pas trop savoir ce qui se passait dans les autres stades et surtout ce que faisait Perpignan pour ne pas changer mon discours. Bien sûr, je savais qu'ils étaient pas trop mal mais les joueurs n'en ont rien su. La fin du match, ce sont des visages crispés et une délivrance énorme quand on apprend la défaite de Perpignan. Après il y a eu du Champagne et plein de sourires".
Côté perpignanais, les têtes étaient forcément moins joviales. Seul le Président accepta de parler mais chez les joueurs, le coeur n'était pas aux mots. A 51 points pour les deux équipes, Perpignan doit sa relégation à une différence de points particulières en son désavantage en raison d'une victoire plus importante de Oyonnax au match aller. Marc Delpoux disait même un peu désabusé "on doit être la première équipe à descendre pour cinq minutes. C'est fou. Ca aurait pu tourner à notre avantage mais ça n'a pas été le cas". Sans Perpignan dans l'Elite, il ne reste que deux clubs à n'avoir jamais quitté la première division. Il ne reste plus que Toulouse et Clermont. L'année prochaine, c'est en Pro D2 que devront se battre des Catalans trop justes cette saison pour conserver son siège. En seconde division, il aura le budget le plus conséquent mais pour espérer remonter vite, il faudra du coeur et ça, il n'en a jamais manqué à Perpignan...
L'auteur : Fruitier Manu
29 ans, Paris (France).
Publié le 16 mai 2014
Modifié le 12 mai 2014
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