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La religion et la société...

Essai sur la nature de la religion, ses causes et ses conséquences sur l'Homme et sa société. Réflexion étriquée, archaïque et peut-être stupide d'un athée de seize ans sur un monde occidental qu'il découvre...


J'ai voulu mener cette réflexion, non pas par un goût personnel pour la critique des traditions, mais plutôt par curiosité et désir de faire avancer enfin les choses. Il n'est nul besoin, je pense, de rappeler que ce n'est qu'un point de vue parmi tant d'autres, une autre interprétation des choses, puisque je crois sincèrement que ceux qui ont vraiment la foi s'élèvent hors d'atteinte des raisons humaines. Je suis athée depuis toujours, n'ai reçu aucune véritable éducation religieuse et bâtis ce raisonnement sur mes recherches et observations personnelles. Je ne suis donc pas le moins du monde impartial, et ce texte a pour vocation d'éveiller l'Homme pour le mettre face à la réalité des choses de la vie, face à ses responsabilités d'espèce à grand potentiel. J'écarterai ici définitivement le cas où l'on pratique une religion sans avoir réellement la foi, simplement par habitude et volonté de perpétuer une tradition, librement volontaire ou provoquée par un conditionnement préalable : ce cas ne rentre pas dans le champ de cette étude, mais traite plutôt de la superficialité hypocrite de certaines pratiques. Par ailleurs, j'aborderai ici surtout la religion chrétienne, puisque c'est quasiment la seule qui ait régné sur le monde développé depuis le début des religions, quoique les autres confessions religieuses soient pour moi assez comparables dans le fonds.


Nature de la vie et de la mort

La vie
La vie de l'Homme, fragile équilibre entre la matière et l'énergie, est éphémère. Juste le temps de la perpétuer et elle se termine. Si peu de temps... Et pourtant, ce court instant permet d'accomplir de grandes choses. Une vie se compose de quatre périodes distinctes : l'enfance, l'adolescence, l'âge adulte et la vieillesse. Ces quatre phases ne sont pas que physiques, elles sont spirituelles et propres à chaque individu.
Tout d'abord, il y a l'enfance. C'est une période où l'individu, neuf, fait de nombreuses découvertes. L'enfant a tout à apprendre, et son esprit est entièrement tourné vers l'apprentissage de lui-même et de ce qui l'entoure. C'est aussi une période où l'être subit de nombreux changements : il grandit beaucoup, devient de plus en plus indépendant physiquement, son esprit se développe peu à peu... Au milieu de tous ces bouleversements, qui se font naturellement mais qui prennent toute la place dans les pensées, l'enfant à une très faible conscience du temps qui passe, ce qui lui procure souvent un sentiment inconscient d'immortalité, d'où l'absence quasiment totale de conscience du danger.
La seconde période de l'existence est l'adolescence, période de transition entre la précédente et l'âge adulte. Les changement subits par l'individu, physiquement, sont peu importants en quantité à comparaison de l'enfance, mais sont psychologiquement plus bouleversants car, étant en possession de suffisamment de données pour les comprendre, l'adolescent prend soudain conscience du temps qui passe, puisque par sa nouvelle capacité à se reproduire, il s'identifie enfin réellement à ses parents et réalise la réalité de la mort. S'en suit donc le plus souvent une crise, un désir de révolte, qui se traduit par une volonté de tout faire sans attendre, de tout expérimenter sans se soucier des conséquences : c'est une fuite en avant.
Puis il y a l'âge adulte. Il constitue la plus importante tranche de vie et n'est troublé que de très peu de changements visibles : le caractère se nuance ; mais c'est surtout une période de stabilité psychologique, voire de stagnation car il n'y a pas de crise personnelle provoquée par un changement corporel non maîtrisé, exceptée la grossesse chez la femme, par laquelle elle atteint l'accomplissement de sa vie et déjoue la mort. L'adulte a donc peu de conscience du temps qui passe. En effet, qui n'a jamais entendu un adulte s'étonner de voir si vite grandir les enfants ? C'est cette stabilité de l'individu qui le pousse dans les actes à planifier sa vie par un désir d'ordre, et même souvent un total rejet du chaos ou d'une simple excentricité.
Enfin, la dernière période de la vie, la vieillesse, est une période qui commence de façon traumatisante par la crise dite "de la quarantaine". Effectivement, puisque cette période se traduit par de très nombreux changements physiques et psychologiques, qui sont en fait la brusque dégradation de capacités considérées comme acquises, elle débute par une crise similaire à l'adolescence car c'est une révolte contre l'action irrémédiablement dégradante du temps. La vieillesse se marque donc soit par un abandon fataliste à la routine vers la mort et au renfermement social, soit par un prolongement de la crise par une "seconde adolescence" dans laquelle l'individu expérimente tout ce qui peut l'intéresser, sans grand soucis des conséquences puisqu'elles sont pour lui très limitées dans le temps par la mort.
La vie d'un Homme est courte, certes, mais si l'on ne la gâche pas en se laissant aller à la facilité d'en devenir un simple spectateur, il est possible et préférable de l'utiliser pour une cause importante qu'il faut définir le plus tôt possible pour ne pas connaître le mal-être qui hante nombre d'entre nous dans nos sociétés. En effet, dans nos sociétés où tout va si vite, les bonheurs comme les malheurs ou la routine, il est facile de se laisser griser par la vitesse suffisamment longtemps pour manquer sa vie. Aussi, il faut impérativement prendre le temps de s'arrêter sur soi et de faire le bilan de nos actions, afin de pouvoir à temps décider de la conduite à tenir.

La mort
La mort, elle, est l'arrêt de la vie, la fin. L'énergie cesse de mouvoir la matière qui se décompose alors. L'Homme est un animal qui peut durer plus ou moins longtemps, qui peut vivre des existences variées, mais qui les termine toujours de la même façon : le fragile équilibre entre la matière et l'énergie se rompt, l'énergie se dissipe dans l'environnement, et le corps redevient les éléments de matière qu'il était autrefois : carbone, hydrogène, azote, calcium, phosphore, potassium, soufre, sodium, chlore, magnésium, zinc, manganèse, cuivre, iode, nickel, brome, fluor, silicium, cobalt, aluminium, molybdène, vanadium, plomb, étain, titane, bore.
Cette simplicité est choquante, et c'est pourquoi elle est rarement acceptée. Il paraît en effet insupportablement révoltant qu'un être qui peut faire ce qu'il veut de toute sa vie, qui peut vouloir vivre ou mourir, soit si désemparé devant la mort. Cette fin de tout, irrévocable, l'Homme a énormément de mal à s'y résigner. Même athée, il espère qu'elle n'est qu'une transition. Mais elle est bien le néant des choses, là où toutes vont un jour. Seule consolation à l'inéluctabilité de notre anéantissement : chaque atome de notre corps servira à d'autres êtres, les énergies qui nous animaient également, car rien ne se perd, tout se transforme. Cependant, la mort fait que nous ne sommes plus.
Devant l'inéluctabilité de la mort, l'Homme, animal rebelle assoiffé de domination sur tout (nature, terre, animaux, semblables, temps, mort), ne peut tolérer aucun obstacle à sa volonté. Il s'est alors imaginé une suite : le recommencement de cette vie qui ce termine, l'existence d'une suivante, un paradis... Selon les époques, l'après-mort s'est parée de tout ce que ne procurait pas la vie. La vie demande des choix qui peuvent être difficiles à assumer ; la mort permet d'imaginer un avenir où la vie sera parfaite et où toute décision n'entraînera qu'avantages. Cependant, malgré les risques que vivre fait courir, ce n'est pas morts que nous pourrons en profiter, et si l'imagination peut nous permettre de supporter la pire des existences par l'espoir dans la mort, il serait dommage et irréversible que nous découvrions trop tard que la réalité est aussi simple que je l'ai dit. Vivre, et cesser de vivre. Telle est la réalité des choses. La vie est une chance de profiter de tous les bonheurs possibles, de tenter d'améliorer le monde pour quitter la vie avec la satisfaction de laisser un monde meilleur à nos enfants. Tel est notre devoir en tant qu'être vivant : vivre notre vie et améliorer autant que possible celle de nos semblables et descendants.


Nature du libre-arbitre ou le plaisir de l'esclavage

L'Homme, comme tout être vivant animal, possède une capacité que les minéraux et les végétaux n'ont pas : le libre-arbitre. S'il est vrai que les animaux l'ont de façon très inhibée car leur comportement est fortement déterminé par leurs instincts et besoins, l'Homme en est, lui, grâce à la libération par l'éducation et l'apprentissage de la maîtrise de soi, théoriquement pleinement pourvu. Je dis théoriquement, car dans bien des cas il lui est amputé par une pression sociale, psychologique, culturelle, un conditionnement préalable (totale soumission aux modèles sociaux, perpétuation des modèles inculqués, dictature de la mode dans nos sociétés de consommation, normes de conduites imposées par les différentes confessions religieuses...).
Le libre-arbitre, c'est la capacité totale de pouvoir librement décider de nos actions, en en assumant pleinement les conséquences. Le libre-arbitre fait que nous n'avons de comptes à rendre à personne (si tant est bien-sûr que nos décisions n'entraînent de conséquences directes que sur nous-mêmes), et que nous ne sommes en retour dépendants de personne : nous portons pleinement le poids de nos responsabilités, qu'il soit moral, social, économique, politique, sanitaire, relationnel, etc., et ce, quelle que soit la gravité des conséquences.
Ainsi, le libre-arbitre, s'il semble de prime abord désirable car outil de totale liberté, est a posteriori extrêmement délicat à assumer, et la plupart des Hommes préfèrent déléguer leurs responsabilités à d'autres : au milieu médical leur santé, aux institutions politiques leurs engagements sociaux, aux employeurs les risques et les difficultés directs de la concurrence, à l'École l'enseignement de leurs enfants... Et c'est tant mieux, à vrai dire, car si nous devions porter la responsabilité totale de tout ce qui nous concerne, le stress serait si grand que la vie nous paraîtrait insupportable ! Cependant, cette volonté d'être pris en charge, lorsqu'elle devient abusive, doit être limitée. Elle devient abusive lorsque les individus eux-mêmes ne supportent plus de n'avoir plus aucun mot à dire (dictatures et autres régimes autoritaires, familles strictes...), ou bien lorsque les individus en viennent à ne plus s'assumer en rien, devenus des assistés complets, se désengageant totalement de leur propre vie, s'en faisant en quelque sorte les spectateurs passifs (régimes politiques où l'Etat aide abusivement, telle une mère couveuse, aliénant et déresponsabilisant les êtres, ou bien, comme ce qui nous intéressera ici, dans les religions mettant en avant un Dieu omniprésent et omnipotent qui tisse la destinée des Hommes, les protège ou les "met à l'épreuve", dégageant ainsi toute responsabilité et possibilité d'agir sur leurs vies des Hommes).
Ainsi, l'Homme trouve bien souvent davantage de satisfaction à être gouverné qu'à la liberté. Jésus lui-même a été présenté comme l'idéal de sainteté en dégageant l'Homme de toutes ses responsabilités pour ses crimes ! Cette façon de priver volontairement les Hommes de leur libre-arbitre est non seulement insupportable parce qu'insultante, puisqu'elle sous-entend qu'il est incapable de s'assumer, mais est en plus dangereuse, car elle prive l'Homme de toute volonté propre (exemple du désoeuvrement des africains d'Afrique noire qui, ayant subi le joug européen pendant plusieurs siècles, ne peuvent toujours pas assumer leur liberté, tombant dans des dictatures militaires ou des affrontements claniques de groupes armés). De plus, elle habitue les Hommes à ne plus faire preuve d'aucune initiative, confiants qu'ils sont en ces autres qui le feront sûrement. Tel l'Européen ne faisant pas grève pour améliorer sa condition en espérant lâchement que d'autres prendront le risque de se battre à sa place, l'Africain à qui arrivent des aides alimentaires régulières cessera de s'acharner dans son pays, se suffisant de ce qu'on lui alloue. C'est cette logique du moindre effort qui fait que l'Homme préfère s'en remettre à d'autres pour ce qui demande des choix portant à conséquences. C'est pourquoi l'Homme préfère l'esclavage à la liberté. Dieu en est l'exemple le plus accompli, catalyseur de toutes les responsabilités. Si Dieu a souvent les allures de l'Homme, c'est parce qu'il est l'Homme suprême : "Dieu a fait l'Homme à son image" est une phrase miroir, c'est en vérité l'inverse. Dieu est le Jésus sacrifié atemporel, qui porte à jamais le destin de tout en lui. Rien ne lui échappe et tout est programmé.


La fragilité de l'Homme ou le combat pour la reconnaissance

On a vu que l'Homme avait peur de la mort et avait commencé à la combattre en s'inventant une suite, ce qui explique qu'avant toute trace de religion existait déjà chez l'Homme primitif un culte des morts. On a vu également que l'Homme, recherchant perpétuellement son bonheur, préférait éluder les difficultés de la vie en les inscrivant de façon figée dans un destin immuable ou les projets impénétrables d'un dieu tout puissant. Dans tous les cas, il fuit les difficultés en s'en ôtant toute responsabilité.
Il est compréhensible que l'Homme se soit senti si fragile et dépourvu au milieu d'une nature toujours adaptée, et ait voulu se protéger, ou du moins se sentir protégé. En effet, il est à la merci du froid, de la chaleur, des agressions physiques, n'a aucun habitat naturel, naît dépendant de ses parents pour plus de dix ans... Avec une accumulation de tant de handicaps, il n'est pas étonnant que l'Homme se soit senti menacé ! Alors il a commencé à tenter la domination de son environnement : d'abord la terre, ensuite les végétaux, puis enfin les animaux. Ayant soumis ces trois éléments à son autorité, il peut avancer l'esprit plus tranquille. Ou aurait pu. Mais l'Homme a une imagination débordante, et ce qui ne le menaçait pas la veille peut dès aujourd'hui lui sembler hostile. Alors il a tourné son agressivité sur ses semblables, le temps, la mort...
Ainsi, l'Homme est violence car il se sent toujours menacé. Il ne devient "sociable et civilisé" que lorsqu'il a toute garantie. C'est pourquoi il s'accroche parfois tant à ses acquis, à ce qui semble le protéger : son emploi, son argent, ses amis, sa société, sa religion, etc. C'est ainsi que l'on peut voir éclore des formes d'intégrisme dans tous ces cas, le plus retentissant étant le fanatisme religieux, ou dans une moindre mesure, les religions dont l'exercice est sévère (austérité, prières fréquentes, (auto) flagellations morales ou physiques, tabous et autres limites à l'épanouissement d'une vie humaine). C'est parce que la religion permet d'échapper à la mort et d'être protégé contre les malheurs de la vie que l'on s'y accroche avec tant de ferveur. L'Homme voit ses semblables comme des rivaux, car il est assoiffé de domination, profondément persuadé que le bonheur est le contrôle de toutes choses imaginables. Or, l'existence des autres est une menace, car risque de devoir partager ou combattre. La coexistence ne fonctionne que s'il y a avantage pour chacun et possibilité de poursuivre la conquête du monde. Lorsque l'Homme se sent bloqué dans sa quête d'appropriation, il se retourne contre ses semblables pour étendre son pouvoir. Cette rivalité s'applique aussi aux comportements sociaux et religieux. Chacun veut paraître aux yeux de tous les autres le meilleur individu et le plus pieu, pour acquérir la sympathie, le respect, mais surtout le mérite. Cette rivalité, dans une communauté religieuse, est une bataille pour le Paradis.
L'Homme refuse donc toute difficulté, soit d'abord en la fuyant lorsqu'elle ne menace pas ses acquis ou ses objectifs à court terme, soit en l'affrontant pour s'en protéger. La religion est une autre forme de lutte, mais contre la mort. S'imaginer une vie après la mort, y consacrer toute son énergie et suivre à la lettre les consignes qui y amènent, c'est déjà pouvoir la toucher, donc la faire exister. Ce que l'on dit à ce sujet est vrai : la foi peut tous les miracles, elle nous protège de la mort pendant la vie. Mais telle la manie superstitieuse de toucher du bois pour écarter le mauvais sort n'est efficace que tant que l'on est épargné par le malheur, la foi ne sauve de la mort que tant que l'on vit !


Naissances probables des religions : hypothèses

Partant du principe que la religion n'est que l'expression du besoin qu'a l'Homme d'échapper à la mort et de se sentir protégé et soutenu, on en arrive à une question importante : quel a été le déclencheur de la naissance de la religion ? Considérant dans chaque croyance que la religion a chaque fois été révélée à l'Homme par un être unique, prophète rapportant des visions d'une soi-disant provenance divine (Moïse, Mahomet...), ou bien envoyés d'essence divine (Jésus...), on en arrive aux cinq suppositions suivantes quant aux causes possibles de la naissance de chaque religion :
- soit l'inventeur de la religion était un dément au charisme démesuré qui a réussi peu à peu à convaincre son entourage du bien-fondé de ses hallucinations, d'où la richesse et l'originalité des récits fondant ces religions ;
- soit l'ignorance de ces temps reculés, ajoutée à la curiosité de la race humaine, a entraîné un besoin d'explication qui, à défaut de sciences, s'est soldée par la naissance de forces surnaturelles fictives qui furent la solution de facilité, interprétées et mises en oeuvre par les hommes forts de chaque peuple, se transformant et s'enrichissant au fur et à mesure qu'elles étaient transmises, et se renforçant de plus en plus avec le temps et les traditions, d'où également la multiplication des superstitions et l'enracinement profond de toutes ces trames culturelles ;
- soit la peur naturelle de l'Homme envers l'inconnu l'a poussé à voir tous les paramètres extérieurs à lui contrôlés par une entité supérieure et bienfaisante, pour se rassurer, besoin qui se traduisait différemment selon les contextes, et qui ne peut que s'amenuiser grâce aux progrès de la science, ce qui s'est vérifié statistiquement au cours des derniers siècles par une montée de l'athéisme en parallèle des progrès des sciences diverses ;
- soit un être supérieurement intelligent et assoiffé de domination sur ses semblables a créé de toutes pièces une discipline et une autorité supérieure avec un système sévère de graves sanctions et de suprêmes récompenses, qu'il se faisait un "devoir moral" de faire respecter, ce qui explique la hiérarchisation de la plupart des infrastructures religieuses et la sévérité des "règlements divins" ;
- soit enfin, une personne très intelligente, mais d'une moralité plus généreuse, a inventé tout cela pour pacifier et civiliser ses barbares contemporains, d'où la présence quasi constante de rapports maître-disciple, le premier enseignant avec amour et bienveillance au second comment bien se comporter dans la vie, ainsi que la portée morale de la plupart des écrits des livres saints (Bible, Coran, Torah...).
Voilà, je pense, les cinq origines possibles des religions humaines. Aucune ne prévaut sur l'autre, et chacune d'entre elles a forcément été détournée ou altérée au cours du temps, bien qu'elles trouvent toutes une justification. En effet, beaucoup de ce que les religions étaient au commencement s'est transmis par le bouche-à-oreille, ce qui ne permet pas de perpétuer justement les formes et fondements qu'elles prenaient, entraînant des distorsions.


Les rôles remplis par les religions ou la nécessité d'une étape religieuse

Au commencement était l'Homme, créature chétive et peu préparée à la vie à l'état sauvage. Sa vie, minute après minute, n'était que craintes. L'Homme, si fragile, était à la merci du temps, de la température, des plantes rencontrées, des maladies, des animaux, voire même de ses semblables. En ces temps reculés, tout était une menace pour l'Homme. C'est pourquoi, stimulé de toutes parts par des menaces réelles et fictives, cet animal stressé à compensé par la ruse et la violence ce qu'il n'avait pas naturellement. Il s'est rassemblé en tribus pour être plus fort, a utilisé des outils pour améliorer ses chances de survie. Sa logique était simple : la meilleure des défenses est l'attaque. En effet, si l'on ne sait jamais ce que nous feront les autres, nous savons toujours ce que nous pouvons faire aux autres. C'est ainsi qu'a démarré l'ère de la loi du plus fort : par la peur, génératrice d'agressivité.
L'Homme se mesurant à ses semblables, il a trouvé face à lui un ennemi semblable. Dès lors, il ne pouvait plus espérer lui être totalement supérieur. C'est là qu'interviennent les religions. Dieu est né en réponse à un besoin d'une autorité supérieure, de protection et de force infinie. Or, qui mieux qu'un être surnaturel peut être doté d'autant de qualités ? C'est pourquoi, avec l'aide des déclencheurs cités précédemment, Dieu est venu aider l'Homme à surpasser l'Homme. Tout aurait pu bien se passer s'il n'y avait eu qu'un seul et unique Dieu pour un seul et unique peuple élu mais, malheureusement, chaque peuple a trouvé ses Dieux, et c'est de nouveau à armes égales que les Hommes se sont combattus.
Par sa trop grande disponibilité, Dieu et sa religion s'est vu soudain perdre l'une de ses raisons d'exister. Ne pouvant plus aider un peuple à gouverner les autres, il s'est tourné vers son peuple pour l'aider en secret au cœur de ses temples. Or, à l'époque encore plus que de nos jours, l'Homme avait besoin de concret plus que de vagues promesses. Alors les prêtres transmirent la parole de Dieu qui, dans un accès de bonté démagogique, avait été forcé d'approfondir le mythe de la vie éternelle. Naquirent ainsi les descriptions du purgatoire et de l'Enfer, puisque le meilleur moyen que Dieu avait de se montrer indispensable était de défendre ses fidèles contre ce qui les effrayait, et non pas de se contenter de vagues promesses dont ils n'avaient rien à faire tant qu'ils étaient vivants. Et cela avait d'autant plus d'importance que le quotidien de l'époque était loin d'être agréable, et que les superstitions craintives étaient nombreuses du fait de l'ignorance de l'époque.
Cependant, comme défendre spirituellement ses fidèles ne suffisait pas, il a fallu s'occuper d'eux un peu plus concrètement, les rassurer, les aider. Se sont alors développés les services "confession-pardon", qui permettaient à tout un chacun de repartir à zéro autant de fois qu'il le voulait, lavé de toutes ses fautes. C'est ce qui a le plus fait recette pour la religion chrétienne : cette facilité du pardon. En effet, il n'y a que le dieu chrétien qui ait compris que le seul moyen de gagner des fidèles était de les aimer en leur disant ce qu'ils voulaient entendre et en leur cédant tout. Et l'on voit à quel point elle a été efficace puisque pendant des siècles la religion chrétienne a été la plus répandue à travers le monde.
Hélas, générosité spirituelle et magnanimité spirituelle n'étaient pas suffisantes ! Dieu devait faire davantage pour ses fidèles. De tous temps il y a eu des gens plus méfiants, parce qu'ils assumaient entièrement leur vie et leur mort, parce qu'ils avaient reçu une culture suffisante pour en demander plus, ou bien parce que les despotes qui régnaient à l'époque voyaient mal comment concilier amour divin et tyrannie de la violence. Alors il a fallu faire alliance. Les souverains accordaient une rente aux prêtres et le droit de professer, en échanges de quelques menus services. Ces échanges de bons procédés permirent aux différentes religions de prospérer à travers le monde et de s'implanter enfin physiquement partout en multipliant les temples et les interprètes de la parole divine. En échange de cette liberté, Dieu soutenait les régimes en place, à la fois officiellement et officieusement par traités et "mercenaires" (croisés, haschischins...), mais aussi politiquement dans les pays en développant les modèles de conduites qui menaient au Paradis, c'est-à-dire que les prêtres révélaient généreusement qu'un bon fidèle allait droit au Paradis s'il avait respecté les lois de Dieu et été un bon sujet de son souverain.
Les religions ayant ainsi acquis une existence légale et morale, ainsi qu'une position stable, ont pu s'organiser. En Europe, la religion chrétienne, parce qu'elle bénéficiait d'impôts directs, a eu tout intérêt à s'administrer sur place pour recenser tous les fidèles imposables. Ainsi les temples sont-ils devenus des centres administratifs et les prêtres des fonctionnaire de cet Etat européen. Cependant, désormais installé sur place et revendiquant des droits financiers et matériels, Dieu a bien été obligé de rendre un peu à d'autres que ses serviteurs directs, pour conserver sa légitimité. De plus, la Religion, puisqu'elle prétend nous guider et tout résoudre, doit impérativement contrôler l'éducation, pour pouvoir former de bons fidèles qui ne tourneraient pas à l'hérésie dès qu'ils s'apercevraient que pécher n'est pas toujours sanctionné par un foudroiement immédiat du divin seigneur. Alors l'argent et les richesses que le peuple avait offerts à Dieu et son administration furent réinvestis pour le peuple dans des temples plus nombreux pour ancrer davantage la foi, dans des hôpitaux et des orphelinats, parce que Dieu est si magnanime qu'il ne peut que s'occuper des plus démunis, et enfin dans des écoles dont la priorité était de former de bons chrétiens fidèles à leur clergé et leurs souverains.
S'engageant ainsi sur la voie spirituelle pour le petit peuple, la religion a endossé le rôle du bon berger, celui qui aide, instruit, protège, celui qui donne les bons et les mauvais points. Dès lors, devenant une autorité morale, les puissants ont dû composer avec elle, et obtenir son soutien. Ainsi la religion a commencé à guider les peuples, moralement et politiquement, rassemblant et filtrant la culture, s'opposant à la plupart des progrès de la science ou de la morale, qui pouvaient mettre en péril sa légitimité. Par la force des choses, la religion est devenue l'Etat supérieur, régulant l'Europe et faisant reculer la barbarie païenne, car quoi mieux qu'une culture et des idéaux communs peuvent pacifier et solidariser les peuples ? Alors l'Europe, sous les bannières croisées et les valeurs bibliques a fait corps, unie, pour propager la culture de l'époque et les valeurs chrétiennes qui, quoi que discutables, ont tout de même permis une avancée spirituelle et la naissance d'une cohésion sociale.
Par conséquent, puisque la religion a été une étape de plus vers l'élévation de l'espèce humaine au-dessus de l'animal, parce qu'elle a permis de satisfaire la demande humaine, on peut affirmer sans hésitations qu'elle a été une étape nécessaire et positive du développement humain. Mais une étape seulement et le chemin doit continuer...


Les excès des religions ou quand les prêtres jouèrent à Dieu

On l'a vu, la religion en tant que croyance a permis une cohésion des peuples, une avancée sociale, et également une élévation spirituelle. Cependant, parce qu'elle a été utilisée à mauvais escient, pour des desseins humains, la religion a accumulé les excès.
Tout d'abord au niveau psychologique, la religion a de nombreuses fois empêché l'Homme de s'épanouir. Premièrement, et c'est la principale critique que je ferai, c'est l'absence de liberté que la religion a causé à l'Homme. En imposant le choix du bien et du mal, avec des consignes de morales très strictes qui entraînent une sanction absolue, la religion bloque l'Homme dans une stagnation avilissante puisque la nature humaine est progrès. Imposer à l'Homme des conséquences absolues et irrévocables, c'est le faire vivre dans une perpétuelle terreur de l'action ! Combien d'êtres si fidèle à leurs Dieux ont-ils vu la mort s'approcher avec angoisse, la peur de souffrir éternellement pour quelques erreurs passées ? De plus, Dieu ayant omniprésence et omnipotence dans tous les cœurs, ayant en mains les destinées de chacun, que reste-t-il à l'Homme de ses libertés, puisque Dieu, de toute façon, décide pour lui ? La religion, empêche non seulement l'être de s'épanouir pleinement dans toute sa vie, mais en plus lui ôte toute responsabilité sur ses actes, puisque tout, du pire au meilleur, est dans tous les cas l'expression de la volonté divine. La religion, parce qu'elle impose sa loi pour l'après-mort, n'a pas sa place pour l'individu qui ne peut se concevoir que dans la vie. La foi, si elle donne force et courage aux croyants, si elle leur garantit une vie après la mort, si elle leur donne confiance en la vie puisque elle leur fait croire que Dieu les protège, fait reposer une grande partie des décisions sur les épaules d'un être qui est toujours si rare qu'après tout l'on peut aisément se demander s'il a la capacité de s'occuper correctement de nous ! L'Homme est fragile et trouve sa vraie force dans l'action, l'invention, l'initiative du progrès. Toutes choses qui entre les seules mains de Dieu ne seraient que l'abandon au hasard de la condition humaine ! Or, ce n'est pas un hasard si la plupart des scientifiques et intellectuels qui ont fait progresser l'Homme étaient athées, et ce n'est pas non plus un hasard si la plupart des religions ont vu d'un mauvais oeil plus ou moins répressif les innovations et les changements de mœurs, car il est plus facile de contrôler un peuple soumis à des destinées stagnantes, qu'un peuple d'individus libres qui innovent selon les méandres de leur imagination. Enfin, bien que ce point soit plus ou moins discutable selon les religions, les valeurs imposées par les différentes confessions religieuses ont souvent été un carcan pour la nature humaine, un frein à l'épanouissement humain. En effet, il n'est pas besoin de rappeler que la religion est souvent machiste, autoritaire, et hostile aux loisirs assimilés au diable. Or, une vie est d'autant plus courte si l'on n'en profite pas pleinement. Ainsi, parce qu'elle impose des lois sans fondements légitimes, la religion favorise la prolifération de l'hypocrisie et du mensonge, puisqu'on ne peut qu'imiter ce qui n'est pas naturel, et que mentir lorsque la vérité est sanctionnée. C'est ainsi que sont apparus les climats de suspicion, de délation, de tension qui ont donné lieu à l'âge de l'obscurantisme à une dictature européenne de l'Inquisition catholique pendant laquelle les sorcières se sont multipliées, surtout chez ceux qui ne suivaient pas le modèle imposé, qui ont toutes été brûlées publiquement pour maintenir la poigne de fer de l'Église. De tous temps les autorités illégitimes ont dû se maintenir par la violence, la religion n'y fait pas exception.
Ensuite, il y a les excès politiques. La religion a de tous temps cherché à imposer un même système de valeurs et des comportements standardisés pour des peuples dont les cultures originelles étaient différentes. Déjà par cette uniformisation culturelle imposée par Dieu, cette dictature de la pauvreté austère menée par les religions est inique car contraire à la nature humaine qui est de s'exprimer toujours librement. C'est une des principales causes des guerres de religion : puisque Dieu est absolu et dirige tout, qu'il tient nos destins entre ses mains, il est le souverain suprême, celui qu'il faut servir avec d'autant plus de zèle qu'il sait tout jusqu'à nos plus secrètes pensées. C'est pourquoi tous les fidèles de chaque religion ont toujours dû défendre avec acharnement les couleurs de leurs dieux. En conséquence, la religion, au nom de l'impérialisme spirituel, alors même que tous les livres saints poussent à la tolérance, à l'égalité des peuples et à la fraternité humaine contre les forces du mal, a provoqué une grande partie des guerres et massacres de l'Histoire de l'Humanité, dont l'exemple le plus frappant est la série de croisades que mena le Vatican pour reconquérir la ville sainte de Jérusalem.
Enfin, le dernier excès est à la fois moral et économique. Je prendrai comme exemple l'Église catholique, qui l'illustre le mieux. Dans toutes les religions, s'il prône l'honnêteté et le courage au travail, pour rendre service aux gouvernants, Dieu demande également à ses fidèles une générosité fraternelle exceptionnelle ("Donne ce que tu as, Dieu te le rendras", phrase répétée inlassablement par des millions d'individus au cours des siècles, qui montre bien que tout ce qu'on peut se procurer pendant la vie n'est pas important, qu'il faut toujours donner à ceux qui disent en avoir besoin, que l'on vit donc pour préparer l'après-vie, comme si l'existence n'était qu'un long concours pour être admis au Paradis). Or, alors même que la religion ordonne de donner aux plus démunis, dans une sorte de communisme absolu, les principaux acteurs de ces religions capitalisent les richesses. S'il est vrai que pendant des siècles l'Église catholique assurait une bonne partie du social européen avec une administration très nombreuse, et méritait donc une rétribution suffisante pour financer son fonctionnement, les États ont rapidement pris la suite, et l'argent collecté par l'administration religieuse n'étant pas totalement redistribué aux populations, le clergé s'est enrichi honteusement. C'est encore plus flagrant au niveau de la religion catholique, dont l'un des piliers est le dénuement, ou du moins le refus du superflu, car la hiérarchie cléricale est en possession de nombreuses terres et autres richesses, et que le sommet de cette hiérarchie, vivant dans un palais au Vatican, dans le luxe de l'or et du satin, montre l'exemple même de la richesse alors que dans le monde la famine rôde et les peuples souffrent. C'est cette capitalisation des dons de ses fidèles qui rend l'Église catholique si coupable. Les donateurs croient envoyer leur argent à une organisation honnête qui redistribuera aux plus démunis, comme l'encourage la Bible, cependant on observe que, si le clergé respecte les préceptes de son livre sacré, alors les besoins fondamentaux des ecclésiastes sont plus diversifiés et plus nombreux que ceux du commun des mortels ! De plus, si la religion, discipline spirituelle glorifiant la bonté sincère des individus, dit qu'il faut aimer son prochain, lui pardonner, du lépreux à la femme adultère en passant par le criminel, faisant donc la part belle à la nature profonde de l'Homme ; si tout bon croyant doit pratiquer son culte avec ferveur dans la franche simplicité de sa foi, sans strass ni paillettes, pourquoi alors cet étalage de luxe lors des cérémonies, quand tant de croyants souvent plus sincères meurent de faim ? Dieu n'est pas mauvais que parce qu'il nous pousse à croire en lui plutôt qu'en nous-mêmes, il est dangereux parce que, n'existant pas réellement, n'importe qui peut lui faire dire ce qu'il veut, et il se retrouve alors l'ordonnateur de décisions qu'un être qui aurait eu la puissance de créer les planètes, les étoiles et la vie n'aurait certainement pas prises. La religion n'est pas mauvaise en soi : on a vu qu'elle avait permis de franchir une étape dans l'évolution humaine. Cependant, l'Homme étant ce qu'il est, il crée des institutions qui lui ressemblent, et si elles lui sont utiles dans les premiers temps pour se développer, elles deviennent relativement vite un boulet qu'il doit traîner et qui le freine dans son évolution. Parce que l'Homme évolue, il doit changer d'institutions. Parce que la religion est basée sur une nécessité en partie obsolète, elle est devenue un obstacle sur le chemin qui mène l'Homme à son étape supérieure : la spiritualité, l'Homme dans tous ses idéaux de valeurs positives, valeurs qu'il prône depuis longtemps sans parvenir à les incarner.


L'Homme un jour adulte ou la difficile sortie de l'enfance

On a vu pourquoi l'Homme a eu besoin de croire en un être supérieur : parce qu'il avait peur de la mort, parce que dans une courte vie il est difficile d'assumer les conséquences d'un choix libre de toute tutelle, parce qu'il est plus facile de ne pas prendre le risque de construire sa vie. S'il est difficile pour l'Homme d'obéir à l'autorité directe de l'un de ses semblables, avec qui il est toujours en conflit larvé pour la domination du monde, il se repose aisément sur une autorité qui lui est franchement supérieure. Parce que l'Homme, comme tout animal, ne voit que l'obstacle le plus proche sur son chemin, il ne parvient que marche après marche à évoluer sur l'escalier de son Histoire. Du seuil de l'animal solitaire et sauvage il est passé à la marche de l'animal tribal sauvage, puis social sauvage, puis social impérialiste, puis enfin social individualiste. Sur cette marche, un grand choix s'offre à lui : soit faire marche arrière comme c'est peu à peu le cas actuellement en détruisant sa société pour revenir à l'état tribal sauvage avec un retour à la loi du plus fort, soit stagner inutilement, chose que les autres êtres vivants terriens ont fait atteint un certain seuil de développement, ce qui serait contraire à la nature Humaine qui est faite de progrès. Il existe une troisième possibilité : passer à la marche supérieure, celle de la spiritualité sociale. Pour atteindre cette marche, les Hommes devront enfin se concevoir en tant qu'une seule et même espèce, en tant qu'individus complémentaires tournés vers l'objet ultime du bonheur commun. Pour parvenir à cette cohésion, l'Homme devra apprendre la sincérité, la tolérance, l'humilité, la solidarité, la générosité, la responsabilité et la communication. Pour parvenir à cette cohésion, il devra oublier l'égoïsme, l'agressivité, le besoin de tout contrôler. Il devra comprendre que l'intérêt général puisse être plus important que son intérêt personnel, capable de faire des choix raisonnés et de les assumer. Ceci n'est qu'un début, et si ça peut n'être qu'un tout petit pas pour l'Humanité future, c'est en tous cas un pas gigantesque pour l'Humanité passée. Si tous ces changements semblent utopiques, impossibles, ce n'est pas le cas : la difficulté vient du fait qu'il y a eu un relâchement de notre évolution. Si l'élan de la révolution française nous a fait prendre de la vitesse, les guerres et les politiques nous ont nettement stoppés et, face à l'ampleur des traumatismes qu'ils ont causés, nous nous sommes tournés vers la satisfaction à court terme de nos besoins. Seulement, notre vie ne se résume pas à une simple préoccupation égoïste tant que nous existons ! Notre vie, c'est aussi celle de nos semblables, de nos ancêtres et de nos descendants. Nous sommes tous heureux des progrès accomplis par nos ancêtres, qui ont amélioré nos conditions de vie. Resterons-nous stagnants et stupidement stériles, ou bien, suivant l'exemple de nos aïeuls, nous battrons-nous pour que nos enfants connaissent mieux que ce dont nous avons hérité ? Cessons de bricoler nos acquis ! Allons un peu de l'avant ! S'il est plus facile de fouler les chemins déjà tracés, de revenir en arrière ou de stagner, il est bien plus profitable d'aller de l'avant ! Notre espèce a mûri durant les siècles passés : elle est devenue plus intelligente, plus forte, plus unie. C'est grâce aux initiatives et aux efforts de quelques-uns que ces progrès ont pu avoir lieu, que nous ne sommes pas demeurés à l'état tribal sauvage, vivant comme des troglodytes. Serait-il possible que nous ayons atteint notre dernier niveau de développement et que nous soyons condamnés à stagner ou régresser ? Je n'y crois pas. Une espèce comme la nôtre ne peut avoir d'autres limites que celles qu'elle se fabrique. Il y avait le froid, nous avons créé les vêtements et dompté le feu. Il y avait la pluie, nous avons construits des habitations. Il y avait la faim, l'oubli, la pourriture, la distance, la maladie, la gravité et bien d'autres obstacles à notre développement, nous avons inventés l'agriculture et l'élevage, l'écriture, des techniques de conservation, des moyens de locomotion, des médicaments et vaccins, des fusées... Nous ne pouvons pas stagner alors qu'il reste tant de problèmes en suspens ! Chaque problème a sa solution : il suffit de faire l'effort de la trouver. Il y a parmi nous 6 milliards d'individus qui, main dans la main, peuvent décider de leur destin. Il est inconcevable que pas un seul ne puisse prendre l'initiative, et il est incroyable que personne ne souhaite aller plus loin. Chacun rêve d'un monde plus propre, plus civilisé, de relations plus épanouissantes... Cela est possible, si tant est que l'on fasse l'effort d'essayer !
La religion, pour ses excès dénoncés plus haut, est un frein au développement de l'Homme. La foi en un être supérieur l'empêche de s'assumer pleinement et de prendre en mains son existence, d'avancer. Tel l'enfant qui pour devenir adulte doit couper le lien qui le rend dépendant de ses parents, dans une relation forcément adulte-décideur/enfant-exécuteur, l'Homme doit se séparer de Dieu pour avancer dans la vie. Comme pour l'adolescence, cette rupture est difficile, chaotique, douloureuse, effrayante... Mais elle est nécessaire et salutaire. L'Homme ne deviendra adulte que lorsqu'il prendra totalement ses responsabilités et exercera pleinement son libre-arbitre. Le cadre démocratique de nos sociétés, si imparfait soit-il, nous a préparés à l'âge adulte de notre développement. Nous sommes encore très loin de la sagesse de l'âge, mais l'adolescence Humaine, trop turbulente, met en grand péril sa survie : il y a la dégradation de notre planète qui, à ce rythme, ne nous tolèrera plus longtemps, et il y l'éclatement de nos sociétés qui, à plus court terme encore, en plus de nous rendre la vie de plus en plus désagréable, risque de nous l'écourter dans le sang. Nous sommes à un carrefour : il y a la voie de garage avec notre extinction en prime si nous nous entêtons à nous comporter en enfants, nous querellant pour des jouets que nous détruisons, ou bien l'entrée d'autoroute, qui nous conduira vers le sud et son soleil bienfaisant, si nous nous décidons à grandir et à nous responsabiliser. La religion est une des attaches qu'il faut rompre pour emprunter la route qui mène à l'âge adulte, avec la peur. La peur sera toujours avec nous, parce que nous sommes sensibles et mortels, mais elle peut être éclipsée par une angoisse plus grande encore, ou bien par un accès de courage. Pour l'angoisse plus grande que la peur d'avancer, il y a l'extinction de la race humaine qui se fera dans le feu et le sang (armes, haine, explosion solaire, nucléaire, etc.), et pour la motivation de l'effort, la construction d'une société humaine dans tout ce que ce terme a de plus positif. C'est à nous tous de faire un choix, il n'est pas encore trop tard. Quel exemple voulez-vous donner à vos enfants, ceux des prochaines et peut-être dernières générations humaines : celui de l'oisillon pétrifié de peur qui attend sur la branche le chasseur qui accourt, de l'autruche qui maintient sa tête enfouie dans le sable tandis que le boucher la plume, ou bien celui de l'oisillon qui prend le risque de s'envoler pour fuir, de l'autruche qui donne un puissant coup de patte au boucher et qui s'éloigne en trottant ? De tous temps nous avons connu des difficultés, et c'est en les surmontant que nous sommes devenus plus forts et plus intelligents. Devrons-nous voir tous nos efforts s'anéantir sur ces nouveaux obstacles alors que nous sommes capables de les surmonter ? J'espère sincèrement que ce ne sera pas à Dieu de trancher...
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Re: la religion et la société...
Posté par flougaussien le 21/11/2007 12:34:12
Oui... Il faudrait qu'un leader lève la main. Un leader qui vienne d'une planète suffisemment lointaine pour ne pas avoir été contaminé par la connerie ambiante. Et tous les ans, on ferait venir un nouveau leader de cette planète bénie, car le précédent aurait finit par vendre sa mère à Coca Cola TM.

Modifié le 21/11/2007 12:35:11
Re: La religion et la société...
Posté par windowman le 21/11/2007 06:07:00
De manière générale, même si on arrive à un haut degré de conscience et de responsabilité, la démocratie représentative conservera sa légitimité, et donc ses dangers, puisqu'on ne peut gouverner à plusieurs millions. Il faut des représentants à qui l'on délègue son pouvoir décisionnaire pour le commun des mesures. C'est plus simple de suivre que de décider. Tout est un problème de confiance : trouvons des leaders qu'il soit intelligent de suivre ^^

Y'a-t-il un ledaer dans la toile ?... Bon, tant pis...
Re: La religion et la société...
Posté par flougaussien le 20/11/2007 14:30:54
Mais je me demande un chose :

Imaginons que tout le monde est bien instruit. Est-ce que la majorité des gens rechercherait pour autant la liberté ?
Ou préfèreraient-ils rester esclaves du système par facilté ?
Re: La religion et la société...
Posté par windowman le 20/11/2007 05:51:51
Merci.

Il ne faut pas oublier la réalité duale de l'homme, cette aspiration vers le haut et cet attachement au bas, l'idéal contre l'instinctif, le lointain contre l'immédiat. Tout cela sous le voile opacifiant d'une psychologie qui ne se laisse pas saisir avec évidence. Oui, il est plus facile d'obéir que de décider, tout comme il est plus facile de céder que de résister. Mais c'est l'éducation qui permettra à l'homme de se résister. Et quelle éducation ? Sûrement pas celle, monomanique, de la compétence et de la rentabilité qui se dessine de plus en plus nettement.
Re: La religion et la société...
Posté par flougaussien le 20/11/2007 01:01:53
Ce texte est très clair et compréhensible, très intéressant, et incite à penser.
J'aime bien le fait que tu partes de la religion puis que tu élargisses au fur et à mesure du texte.

Sinon, oui, moi j'aimerais aussi qu'on progresse vers l'épanouissement des gens et non qu'on régresse ou stagne tout en détruisant la planète. Mais c'est facile à dire...

Une idée dans ton texte me fait peur : "les gens préfèrent l'esclavage à la liberté".
Si c'est vrai, alors c'est bien triste.
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L'auteur : Y'a-t-il un humain sur la terre ? parce que, Manifestement, y'avait pas de dieu dans le ciel...
40 ans, Evreux (France).
Publié le 19 mars 2006
Modifié le 19 février 2006
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