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Le lycée, pendant et après

Le lycée, c'est pas la vie, un article sans aucun but précis, juste histoire de raconter ce qui se passe quand on quitte le Lycée, et qu'on découvre enfin la vie.


Il pleut, je suis à l'arrêt du bus 91.
C'est l'hiver et il fait nuit, comme tous les matins, je me dit qu'il n'y a guère que nous, les lycéens, les collégiens, les écoliers, pour se lever à cette heure.

Je pense à la chanson de Renaud, "c'est quand qu'on va où ?"

"C'est quand même un peu galère d'aller chaque jour au malheur, non seulement, pour pas un rond, mais en plus pour finir chômeur."

Il a bien raison, c'est galère.
On peut pas dire que j'y vais pour pas un rond, j'ai une bourse, mais bon.
Le bus arrive.

Ca pue les gens mouillés qui viennent de se lever. Ils ont tous une tête de déterrés, ils sont déprimés, ça me déprime aussi, du coup.

Personne ne parle, dans ce foutu bus, on commence par une contrôle d'anglais, ça me remet de bonne humeur j'adore ça, surtout la partie où on écrit ce qu'on veut, c'est comme les rédactions, qu'est ce que j'aimais ça, la prof lisais les miennes à toute la classe, et c'était la classe !

L'anglais, c'est la seule matière que j'aime, je me fais chier au Lycée, les autres sont des cons, vraiment, à part Alex.
Heureusement qu'on se fait des parties de pendu, de morpions, et qu'on récite en boucle de spectacle d'Eric et Ramzi au palais des glaces.
On fait des concours de nouvelles les plus crados possibles, on se pose des problèmes existentiels du genre :
"Sachant qu'un poil de pubis de Chirac pèse plus lourd que le cerveau de le Pen, dire combien il faudra de temps à l'Europe pour arrêter de nous prendre la tête en instruction civique."

On est cons... J'adore ça.
A part ça, je m'emmerde. Pendant la pause, les autres vont fumer une clope, je fume pas, Alex va retrouver ses potes et sa copine "the cask" à cause de sa coupe de cheveux, je peux pas la piffrer, cette fille.
C'est la fille des gardiens du Lycée, des cons, eux aussi.

Moi, je me mets dans un coin du couloir que j'aime bien, et je bouquine.
Dès fois la prof d'histoire géo, une grosse poufiasse que je n'aime pas, et bon Dieu c'est réciproque, passe dans ce couloir, une fois elle me dit "Pourquoi vous êtes toujours toute seule, dans votre coin ?"

Je lui réponds :
"J'ai besoin de personne pour lire, avec un petit sourire du style : qu'est ce que tu viens me faire chier, toi ?."
Elle est cassée.

Dès le premier cours elle m'a envoyé chier, et depuis ça dure, elle me fait des réflexions, et tout, j'ai envie de la frapper.
Pour tripper, pendant ses cours de merde, je m'imagine que je me lève tout d'un coup, avec un flingue dans la main, je la force à s'asseoir sur sa foutue chaise et je lui dis ses quatre vérités devant la classe médusée qui pisse dans son froc, et Alex, mort de rire.
Ca me soulage.

En cours de Français, il pleut toujours.
C'est dur de faire des parties, parce qu'avec Alex, on est à peu près au premier rang.

On est sur du Maupassant, c'est chiant.
Je devrais peut être trouver ça bien vu que je suis en terminale littéraire, mais qu'est ce que je m'emmerde, je m'en fou, on est tous pareil. J'adore lire, j'y passe des heures et des heures, mais bon, pourquoi on nous fait étudier des textes en vieux français hyper chiant ?

Dix minutes avant que la cloche ne sonne, ils ont tous rangé leurs affaires, je suis à peu près la seule qui respecte assez le prof, aussi lourdingue soit il, pour attendre la sonnerie avant de dégager. Je me dis le pauvre, ça doit être vexant de voir que tout ce qu'on raconte emmerde les gens, je suis trop bonne, pas physiquement, hein ?

A la sortie je ne retrouve personne, je rentre chez moi, je ne sais pas ce que les autres font après, sans doute ils vont les uns chez les autres, moi j'ai ma chambre, ma musique et mes bouquins, ma peinture qui m'attendent, dès fois je me dis que je suis pas normale.

Ca n'a pas toujours été comme ça, au collège, l'année précédente, j'étais le clown de la classe, les profs m'aimaient bien, je faisait marrer tout le monde.

Ici, les gens ne sont pas intéressant, vraiment, j'écoute leurs conversations, quand j'ai vraiment rien d'autre a foutre, et franchement, je regrette pas de ne pas être amie avec eux.

L'année d'avant, en première, j'étais amie avec Martine P.
Elle était vraiment pas belle, petite, assez grosse, avec des lunettes, des boutons.
Je ne sais pas pourquoi j'ai toujours eu pour amis des gens comme ça.
Peut être qu'ils sont plus mature, parce qu'ils ont souffert.
Martine avait perdu son père.

Un jour, j'ai eu une autre amie, et j'ai lâchement laissé tombé Martine, elle me déprimait, j'avais besoin de normalité, et cette amie, elle était plus comme tout le monde, aujourd'hui on ne s'appelle même plus, Martine, elle, si je l'avais gardé comme amie, on le serait resté toute notre vie...

Mais je ne regrette rien, je regrette rarement ce que je fais.
C'est juste la vie, quand une amitié devient lassante, il vaut mieux couper les ponts tout de suite, avant que l'hypocrisie ne s'installe.

Il y a une fille dans ma classe que j'ai toujours admiré.
Avec ses tresses africaines, sont style vestimentaire spécial, sa façon d'être si sûre d'elle, le contraire de moi, en fait elle est ce que j'aimerais bien être.
Aujourd'hui je la connais mieux, je me suis rendue compte qu'elle ne valait gère mieux que monsieur ou madame X.

Ca doit être vrai ce que ma mère m'a dit un jour, ce sont les gens qu'on a le plus ignorés dans leur enfance et leur adolescence, qui deviennent plus tard des gens exeptionnels, les autres, les stars, ceux que l'on a adulé, deviennent invisibles, à leur tour ignorés.

Après avoir eu mon bac, je suis rentrée chez moi, il n'y avait personne à la maison, partis faire du camping, les autres sont sans doute allés fêter ça en boite, là où je n'ai jamais foutu les pieds, pas intéressant, ou alors ils fêtent ça en famille.
Je téléphone à ma mère qu'elle vienne me chercher, pas envie de fêter ça toute seule devant la télé.

Au camping, tous les vieux habitués me payent des coups, pleins de gens me félicitent, c'est cool.

Mon père est à la pêche avec mon petit frère, je lui montre la feuille de notes des examens et il me répond : "J'en ai rien à foutre de tes notes." Je vais regarder la télé dans la caravane, pas étonnée.

J'adore être au camping, je suis en vacances, je jette mes cours à la poubelle, je mets des tongs et je vais à la baignade, dans quelques jours, toute une bande de jeunes et joyeux lurons en foire vont débarquer, et on va bien se marrer, cap's, ping pong, baignade, longues nuits blanches, parties de cartes, nuitées à la belle étoile, avec feux, chansons paillardes, bourrage de gueule.

Le soir je suis assise devant cette même baignade, je pense à pleins de choses, il fait encore un peu frais, au début de cet été, il y a des canards, des oiseaux qui se baladent, ça sent bon la campagne.

Deux mois entiers de liberté totale, adieux bande de gros cons, adieux profs de merde, cours assommants, je voudrais débarquer la dedans et leur foutre mon diplôme sous le nez en leur gueulant à la face : "Tu vois, je l'ai eu, et c'est pas grâce à toi connard !"

Je sais que les autres, quand ils se rencontrent dans la rue, eux qui étaient tellement amis, ils se disent "Salut, ça va ?" Pour être polis, ils en ont rien à foutre, moi, quand je les rencontres, ils savent déjà, pas besoin de mentir, que j'en ai rien a carrer, de leur santé, et c'est réciproque, et je me marre.

Je me marre parce que je sais qu'ils se font encore chier en cours, à la FAC, ou alors ils font un taff de merde, sapés comme des ploucs derrière un bureau, ou chez mac do, pendant que je m'éclate comme une malade avec mes mômes.

Après le Lycée, je ne savais vraiment pas quoi faire de ma vie, j'ai été à la FAC, trois mois, puis j'en ai eu marre, j'ai rien foutu pendant trois mois entiers. Je faisais du chat toute la journée, je mangeais plus, je déprimais, j'ai perdu je ne sais combien de kilos, mes parents ont divorcés, mon frère a déménagé.

Puis j'ai passé le bafa, et j'ai retrouvé le goût de la vie, les potes, les activités tordantes, les chansons de gamins, et puis j'ai plus arrêté, j'ai trouvé ma voie.

J'ai rencontré les gens passionnants, des gamins formidables qui m'ont plus appris sur moi même et sur la vie que vingt ans de cours minables.

Tout ça pour dire que la vie estudiantine n'est pas forcément la plus belle de notre vie, que les cours, c'est pas la vie, que même si on se sent pas bien dans la cour, que le regard moqueur de ces cons ne fait pas de nous des bouffons, des guignols, l'école, c'est pas la vie, la vie est dehors...


Cet article est dédié à mon prof de français, qui s'est suicidé il y a un an.
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Re: Le lycée, pendant et après
Posté par picamiye le 21/10/2004 19:29:45
lol, ben j'arrive un peu 10 ans après le déluge de réponses diverses et variées... jvoulais seulement donner mon ptit avis, j'ai drolement aimé ce texte, en particulier la dernière phrase ou tu dédies ce texte a ton ancien prof de français, c'est émouvant...
J'aime beaucoup ton style d'écriture,
au plaisir de te relire
bye
Re: Le lycée, pendant et après
Posté par girldu89 le 29/09/2004 15:16:23
Bon, jeandelemichel, j'ai bien fait de revenir...
Tu assures que cet article est sans intérêt et tu le cites. Soit. Reconnais-tu ces phrases ? :
"A 11 ans, j'ai fumé mon premier joint" Très intéressant !
"ne faites jamais ça" Depuis le temps qu'on nous le serine de pas commencer...
"A 12 ans j'ai rencontré celle que je croyais être mon âme soeur, la belle Annabelle. Je l'ai rencontré à une soirée et nous avons directement fait le grand saut, nous avions tous les deux beaucoup bu. Je me suis rapidement rendu compte que ce qui l'intéressait, c'était le sexe. " Zzzzz.. Oups pardon, je me suis endormie....

Bref, un article de toi me semble-t-il ?
L'autre maintenant : "Comment augmenter la taille de son pénis"... Rien que le titre...

Mais bon, ce sont tes articles, soit. Je les avais déjà vu sans savoir qu'il s'agissait des tiens, dans l'ancienne version de FJ, et je n'avais pas aimé. Je n'ai pas critiqué, je n'ai pas noté, je suis partie, et voilà.

Bref, bien à vous.
Ethernal aka PsykBones
Re: Le lycée, pendant et après
Posté par jeandelemichel le 20/08/2004 07:56:50
Antimatcho un de mes articles est en ligne! Regarde avant de parler. Je trouve ^particulièrement intolérant le fait que tu n'acceptes pas les critiques. Tu Te prends pour qui pour oser décider que tes idées sont meilleures que les notres?
Re: Le lycée, pendant et après
Posté par lili dove le 20/08/2004 07:56:50
wouah! j'ai bien aimé tout article elodelu...cependant, je me suis pas reconnue dans cet article. Pour moi, le lycée ça a été 3années géniales ou je me suis de vrais potes, des vrais de vrais, avec qui je suis toujours amie aujourd'hui (ca fait7ans que je les connais now!) Mais, je peux concevoir que le lycée c'est pas super pour le tout le monde!lmais au fait, c'est une histoire vraie, je veux dire tu parles de toi?si ce n'est pas le, ton histoire elle est bleuffante...quoique, non, vaut mieux que tu répondes pas à ma question, c'est mieux si ça reste un mystère :o)
j'adore comment t'écris!BRAVO
Re: Le lycée, pendant et après
Posté par avril.lo le 20/08/2004 07:56:50
il est super ton article.je n'ai lu que 2 3 ou 4 de tes articles mais la je suis en train de les cherchers et de les lires chacun a tte allure.tu devrais essayé d'envoyer tes articles a des maisons qui publient des bouquins.sérieux sa pourrait marcher et sa te ferrais un peu de tune.pis comme tu kiffe ce truc pour écrire faux essayer mdr.
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L'auteur : Elodie Alias elodelu
42 ans, Nantes (France).
Publié le 06 avril 2004
Modifié le 06 avril 2004
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