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Manaudou, stop ou encore ?

Battu par Anthony Ervin en finale du 50m, Florent Manaudou a échoué dans la quête d'un second titre olympique. Une déception qui remet en cause la suite de sa carrière.


Quand Florent Manaudou a embarqué dans l'avion direction Rio, il n'avait qu'une chose en tête, une chose qui lui trotte dans le crâne depuis quatre ans au point d'en devenir obsessionnel. Une chose ou plutôt un projet, celui de garder son titre olympique sur 50m nage libre quatre ans après avoir crée la surprise dans l'Aquatics Center de Londres. Une envie, un désir, celui de grimper au sommet du mont Olympe et de rejoindre les plus hautes étoiles de l'histoire des Jeux Olympiques.
Et il n'aura fallu qu'un centième (qui représente un peu plus de deux centimètres), un seul petit centième pour que ce rêve long de quatre ans, émaillé de titres si bien continentaux que mondiaux avec tous les ans la meilleure performance de l'année, ne se finisse par une deuxième place, une médaille d'argent avec bien moins de saveur que celle obtenue en début de semaine avec le relais du 4x100m nage libre. Et comme dimanche en relais, c'est encore fois un Américain qui priva le plus jeune de la fratrie Manaudou de la plus haute marche du podium. Et pas n'importe quel Américain car il s'agissait du vieiilard Anthony Ervin (21"40), celui-là même qui était l'avait emporté sur l'aller simple il y a seize ans de l'autre côté du globe aux Jeux Olympiques de Sydney.


Un mauvais départ

Alors forcément, la mine était dépitée à la sortie du bassin "Dimanche, je n'étais pas particulièrement déçu de l'argent en relais car on n'était pas favoris, loin de là. Là c'est très différent. J'étais le champion olympique en titre. J'étais le champion du monde en titre. Je veux dire que j'étais attendu et que je visais rien d'autre que la médaille d'or. Donc forcément, l'argent me frustre". De la course en elle-même, il n'a pas vraiment envie d'en parler "Bien sûr, il faudra analyser cette course. Voir ce qui n'a pas marché, ce que j'ai loupé. J'ai déjà mes petites idées mais je préfère ne pas trop y penser pour le moment. En gros, je fais un départ très moyen et je me ratrappe pas sur la suite de la course".
Philippe Lucas, qui fut l'entraîneur de la grande soeur Laure offrait une première analyse "sa coulée est plus courte qu'en demi-finale (il avait signé un temps de 21"32 contre 21"41 en finale). Il ressort très légèrement en tête mais pas tant que ça". Ensuite, la reprise de nage est poussive "Je ressors mal de l'eau. Je n'arrive pas à bien me positionner par rapport à l'eau donc je ne crée pas de vitesse" explique Florent Manaudou. Ce que confirme Lucas "Tout se joue au moment de la coulée. Il le sent très bien qu'il n'a pas fait de marge. Je pense que ça a dù le faire gamberger un peu et dérègler sa nage et comme le 50m se joue à rien, ça coûte cher à la fin".


Pas sur de continuer

La déception est telle que le sprinteur ne se montre pas affirmatif quant à la suite de sa carrière "Je ne pense pas trop à la suite. C'est beaucoup trop tôt. La plaie est encore chaude. Il est nécessaire de prendre du recul et prendre les décisions par la suite. Ce qui est certain, c'est que je vais couper pendant quelques mois pour digérer tout ça" annonçait le sprinteur. Est-ce que cela présage une sortie définitive des bassins ? Difficle à dire si tôt après une défaite au goût d'échec personnel. Surtout qu'il ne s'est jamais caché de ses envies d'ailleurs, de ses autres projets que la natation. Comme il en est de sa passion pour le handball ou la guitare ou de ses aspirations pour l'adrénaline qu'offrent les sports extrêmes. Et plus les années passent, plus il se rend compte des sacrifices inévitables de la vie de nageur. Un proche du sprinteur tempère "Florent a une image de glandeur mais il est bien plus complexe que ça. Il fonctionne par défi un peu comme Yannick Agnel. Il a besoin d'avoir des objectifs et de se fixer un but. S'il avait remporté l'or, je suis persuadé qu'il aurait arrêté. Si au fond de son ventre, il a l'envie d'aller à Tokyo pour prendre sa revanche, il le fera et travaillera pour. Si l'envie n'est plus là, c'est clair qu'il ne se forcera pas et c'est heureux car ce serait totalement contre-productif".
En élargissant un peut, une retraite anticipée porterait un coup dur pour une natation française qui se pose de nombreuses questions après des Jeux Olympiques au bilan très moyen. C'est d'ailleurs le danger pointé par Lucas "On arrive au bout d'une génration de nageurs. Je ne dis pas qu'il n'y a pas de relève mais ça tarde un peu à émerger. Avec Yannick Agnel qui s'en va, Fabien Gilot qui s'arrête au même titre que Frédérick Bousquet et Camille Lacourt qui sera sûrement plus là pour les prochains Jeux, Florent figurait comme le leader de l'équipe de France pour Tokyo dans quatre ans. Si lui aussi s'arrête, l'équipe de France n'aura même plus de base sur laquelle se reposer pour construire un projet solide".
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L'auteur : Fruitier Manu
29 ans, Paris (France).
Publié le 02 octobre 2016
Modifié le 02 octobre 2016
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