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Mon canard, chap 1

Il y a quelque temps, sur ce même site paraissait un article intitulé "un canard significatif". La critique avait été assez mauvaise, et selon moi, assez injustement dans la mesure où l'idée était très bonne sans donner dans le mélo. A vrai dire, j'ai même ressenti l'envie d'essayer de le réécrire dans un autre style, et plus développé. Je suis en train de faire le découpage des chapitres, mais voici déjà le chapitre 1.


Chloé ne connaissait que deux choses véritablement magiques, et qui provoquent en elle cette émerveillement qui la transporte chaque fois en enfance. La première était la neige sur New York, surtout le jour de Noël, la seconde est la dinde que son père découpe le soir même pour le dîner.
La neige tombait sur les rues de Manhattan, et les flocons se faisaient à chaque instant plus nombreux, tombant en fine particule de pure magie sur les passants qui ne prêtaient que guère attention au fait. Chloé savourait cet instant, et se délectait à chaque flocon de plus qui tombait des nuages blancs comme les boules qu'elle avait mise sur le sapin de son studio du Massachusetts, et désirait ardemment qu'il en tombe davantage.
Ni la multitude de new-yorkais dans les rues à la quête de cadeaux qui orneraient ce soir les pieds de leurs sapins, ni les innombrables flocons qui allaient s'écraser sur les trottoirs n'égalaient en nombre les cadeaux et les sacs qu'elles portaient dans ses bras.
Elle était d'autant plus heureuse d'en finir avec cette année au plus vite que c'était cette même année qu'elle était sortie avec Pedro, le "mexicain du Massachusetts" comme elle l'appelaient avec ses copines, et qu'il avait quitté à la fois les études et elle-même. Pedro était l'homme le plus beau qu'elle ait jamais vu, musclé, fin, sportif, nageur de haute compétition, etc... Mais il était de plus l'amant le plus attentionné qu'elle ait jamais eu. Il l'appelait presque tout les soirs, alors que ces précédents copains, Jeff, Rob, ne voulaient pas gaspiller un cents pour prendre de ses nouvelles. Progressivement, après leur graduates, Pedro s'étaient en quelques sortes endormi sur ses lauriers. Il ne voulaient plus travailler, ni étudier, sortait tous les soirs en charmante compagnie. Elle le savait, mais elle l'aimait tellement qu'elle l'avait laissé faire, si bien qu'il en a profité en sortant de plus en plus, parfois séchant un long moment les cours pour aller jusqu'au Mexique se gorger de bière et fumer la marijuana à ne plus savoir comment il s'appelait. Le jour où le doyen l'a convoqué pour lui faire un ultime sermon sur l'élite que ses élèves représentaient et sur l'importance considérables des performances de Pedro qui ne l'empêcherait pas pour autant d'être renvoyé si ses notes ne remontait pas, il avait quitter les études, s'était trouvé un job dans une boutiques de guitares à Manhattan, et s'était progressivement noyé dans l'alcool. Quand Chloé lui a fait comprendre qu'elle l'aimait, mais qu'il n'était plus le même depuis le début de l'année, il est entré dans une fureur noire, lui a dit quelque chose comme "à bientôt" et est parti pour le Mexique. Elle ne l'a plus revu depuis 3 mois. Et quand elle y repense, elle en tire deux conclusions. Ne jamais trop s'attacher à un garçon, c'est un genre trop imprévisible et trop attiré par le vice pour être suivi aveuglément, et toujours considérer sa vie avec du recul, de manière à ne jamais se laisser aller et toujours pouvoir contrôler sa vie, de manière à ce qu'elle ne vire jamais dans le sens où celle de Pedro est allé. Une vie peut basculer du bon ou du mauvais côté en très peu de temps. Nous sommes les seuls dirigeants de nos vies.
Il faut dire que c'était aussi l'année où Ruth est parti s'installer à Tel Aviv. Ruth est sa meilleure amie. Elle est né le même jour qu'elle, elle est plus vieille de seulement deux heures. Elles sont nés dans la même clinique, se sont retrouvées à trois ans à peine voisines, ont grandi ensembles, joué dans les mêmes jardins, allé au mêmes écoles, dans les mêmes universités, mais Ruth à trouvé Jacob lors d'un séjour chez sa grand-mère, en Israël, ils se sont pluent, et se sont mariés en Novembre, à Varsovie. Chloé, qui était le témoin de Ruth, en a profité pour visiter la Pologne, elle a beaucoup aimé, mais ce qui la rendait le plus heureuse, c'était que son amie se marie et ait trouvé l'homme de sa vie. Maintenant qu'elle est partie, elle regrette les longues discussions qu'elles avaient, les prières du Shabbat du père de Ruth quand elle venait dîner parfois le samedi soir.
Chloé est né dans une famille athée ; elle n'a donc jamais connu de religion, et au fond, cela lui manquait un peu. Parfois, elle se trouvait dans des situations où elle aurait aimé avoir un dieu à prier, ou une prière à réciter... Son père était un fan de Sartre, le philosophe français qu'elle aimait le moins. Elle a toute sa vie était élevé au rythme des "l'homme est né libre, responsable et sans excuse". Au chiotte, Sartre ! Des excuses, c'était tout ce qu'elle voulait, et elle était supposer ne pas en avoir. Un jour, elle a répondu "L'homme, peut être. La femme est au-dessus des excuses", ce à quoi son père n'a rien trouvé à répondre. Elle n'a jamais plus jamais entendu la vieille maxime.
Alors qu'elle longeait une boutique de jouet vers l'appartement de Paul, son frère, avant d'aller chez ses parents, elle vit une magnifique peluche devant laquelle elle ne pût rien sinon fondre littéralement tellement elle était mignonne. C'était un canard de la taille de ses deux mains l'une à côté de l'autre, dans une matière soyeuse et douce comme du velours, blanche comme le ciel au-dessus de sa tête, sans patte, mais avec un petit bec jaune dans la même matière que le corps, mais maintenu droit probablement par un matériau plus solide à l'intérieur, avec quelques poils plus long sur la tête. Elle entra pour observer de plus près le canard. Ses deux yeux de perles bleu noirs semblaient dire "Achète-moi, je te protègerai". Elle le prit sans hésiter. Elle voulait l'offrir à sa nièce, mais quand le vendeur lui demanda si elle voulait un paquet cadeau, elle répondit non. Elle allait le garder. Ce serait sa peluche, son joujou, son grigri, sa divinité protectrice. "C'est mon canard" pensait-elle.
Ses paquets en mains, son canard coincé entre l'épaule et la tête, elle entreprit de marcher jusque chez son frère, ainsi chargée et encombrée de cadeaux pour sa famille, plus un pour elle-même, à présent. Un homme, assez jeune, un peu mat de peau, s'approche et lui demande du feu avec un léger accent qu'elle devine espagnol. C'est curieux, il y a peu de mexicains pendant les fêtes de Noël à New York. En général, ils redescendent vers la Floride pour passer la Navidad avec leurs familles. Elle a du feu, mais ce type ne lui inspire pas confiance. Elle préfère répondre qu'elle n'en a pas. L'homme lui lance un sourire qui semblait vouloir dire "tu vas le payer" et s'en alla. Décidément, ce type lui faisait peur, avec son teint foncé qui contrastait avec la blancheur de la neige, ce sourire qui ressemblait plus à un rictus douloureux, peut être à cause de cette balafre sur le côté droit du visage. D'autant plus qu'elle l'avait déjà vu, mais où ?
Ainsi perdu dans ses pensées, Chloé continue de cheminer dans les rues, sans s'apercevoir qu'elle a passée l'appartement de son frère et continue de se diriger vers le nord et les endroits moins fréquentés de Manhattan.
Elle ne se rend compte de cela qu'au moment où elle arrive à mi chemin d'un tunnel, qui n'était pas censé exister entre le nord de Battery où elle se trouvait un peu plus tôt et son point de destination. D'autant plus qu'une voiture vient de s'arrêter là, devant elle, immatriculée au Mexique. Elle n'a pas pu voir celui qui demandait plus tôt du feu la suivre d'assez bonne distance, puis à présent la saisir par l'épaule, en lui disant un truc du genre "Venga, que te daré fuego !". Elle ne comprend pas l'espagnol, mais elle a compris au ton que cet homme n'était définitivement pas son ami. Lui retournant le bras derrière le dos, il la pousse dans la voiture, où se trouve quatre hommes qui la bâillonnent et la ligotent étroitement avant de l'allonger sur leur genoux, probablement pour ne pas qu'on la voie. Enfin, ils lui mirent un sac de tissus noirs sur la tête. Dans la précipitation elle a lâché tous ses paquets, elle n'a plus rien, sauf le canard qu'elle a toujours tenu dans sa main.
"Ay, aquí la tenemos !
_No fue muy diffìcil. Ni siquiera gritò !"
Chloé ne comprenait pas, elle voulait crier, hurler, mais le bâillon l'en empêchait, et les mains de ses ravisseurs qui lui parcouraient tout le corps l'empêchait de penser.
"Ay Caramba !
_Qué pasa ?
_ La policía."
Là, elle a comprit. La police. Elle s'agite, commence à hurler. Les mexicains aussi s'agitent, des cris sont échangés, puis le noir. Ils l'ont assommée.
Publié le 29 juillet 2004
Modifié le 29 juillet 2004
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