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Nibali prend sa revanche

Sur l'étape la plus difficile de ce Tirreno Adriatico, Vincenzo Nibali est parvenu a lâcher la meute des favoris y compris Chris Froome. La course aux deux mers lui tend les bras.


Il est rare de dénombrer plus de cinquante abandons sur une course cycliste professionnelle. Ça peut arriver lors de courses accidentées comme Paris-Roubaix mais cela faisait bien longtemps que tant de coureurs mettaient pied à terre dans une course à étape. L'image était surprenante et assez amusante, du moins pour ceux qui n'étaient pas sur les vélos, de voir les moins bons spécialistes de la montagne grimper cette côte à pied le vélo dans les mains comme dans les courses de cyclo-cross du mois de janvier. En même temps, le Sant'Elpidio et ses trois cents derniers mètres à 30% de moyenne et ça à trois reprises n'est pas la montée la plus simple.
Parmi les nombreux coureurs n'ayant pas terminés l'étape, Mark Cavendish n'était pas d'une très bonne humeur "ce matin, je savais que je n'allais pas finir ce Tirreno Adriatico. Déjà, à 5%, j'en ai marre et je me fais lâcher mais là, ce n'est pas de mon ressort. Encore, lorsqu'il y a un maillot vert du Tour de France en jeu, j'essaye de faire un petit effort mais je ne voyais pas trop l'interêt de me crever maintenant". Filippo Pozzato avait le regard noir "nous sommes des sportifs de haut-niveau, peut-être, mais ce n'est pas inscrit Hulk sur notre front non plus. Les organisateurs oublient un peu que nous sommes des êtres humains. Encore, qu'ils nous fassent monter cette côte à dix kilomètres de l'arrivée pour le spectacle des gros de devant mais ça ne sert pas à grand chose de nous la faire passer trois fois. Nous ne sommes pas que des marionnettes juste bonnes à amuser les spectateurs".
Même les organisateurs ont tenu à faite leur mea culpa après les avalanches de critiques envoyées par le peloton "on tenait à faire une étape extraordinaire capable de redistribuer les cartes et en cela nous n'avions pas tort. Mais il faut bien avouer que nous y sommes aller un peu fort avec cette montée à 30%. C'est quand on a vu le nombre important d'abandons que nous nous sommes dit que ce n'était pas normal. Quand tu perds presque la moitié du peloton, c'est qu'il y a un problème. Nous n'avons pensé qu'aux spectateurs et leur plaisir mais nous avons mal fait notre travail".
Alors, c'est vrai, cette côte était sans doute trop compliqués mais quel spectacle offert aux suiveurs. Sur ce point, les organisateurs étaient en plein dans le vrai car cette étape en forme de boucle autour de Porto Sant'Elpidio, la sixième de ce Tirreno Adriatico, eut le mérite de bouleverser le classement général de l'épreuve. Et ça grâce à un homme, Vincenzo Nibali, lui qui ne paraissait pas au meilleur de sa forme sur les premières étapes de montagne. Les précédents jours, Froome et toute son armada s'étaient révélé trop bien organisés les l'anglais était trop fort sur les pentes régulières offertes pour que l'italien puisse le suivre. Dimanche, il avait même été lâché dans les derniers hectomètres de l'étape. Mais si l'italuen est fort, c'est d'abord dans la tête que ça se passe et chez lui, il a eut à coeur de relever la tête pour ne rien regretter.


Froome à la peine

Alors que les petites montées se succédaient et que Vincenzo Nibali voyait que les équipiers de Chris Froome, les colombiens Sergio Henao et Rigoberto Uran et Dario Cataldo, n'entouraient plus leur leader et que ce dernier se trouvait pas aussi à l'aise que d'habitude, il profita de sa bonne forme du jour pour se positionner parfaitement avant une descente qui se trouvait à onze kilomètres de la ligne d'arrivée. Et le troisième de la dernière grande boucle excelle dans cet exercice de style, il prit les risques qu'il fallait pour larguer les favoris et pas grand monde ne pouvait le suivre. Alberto Contador, qui alternait jusqu'alors des périodes plus ou moins mauvaises et qui semblait un peu moyen dans son groupe, ne trouva pas les jambes pour suivre l'italien, ce qu'il regrettait "je n'étais pas dans mon meilleur jour. Quand j'ai vu Vincenzo Nibali qui partait, j'ai tout de suite su que je ne pouvais pas le suivre. J'étais déjà bien content de rester avec mon groupe".
En fait, dans un premier temps, seul Peter Sagan est parvenu à suivre Nibali. En même temps, il le connait bien "quand je l'ai vu partir, je me suis dit qu'il faudrait le suivre mais la question était de savoir si j'avais les jambes. Le parcours, qui alterne montées et descentes, rappelle un peu une classique ardennaise. Alors je suis habitué de ce genre de truc. Je mentirais si je disais que j'étais pas mort mais je savais qu'en suivant Nibali, ça  serait un effort qui paierait. Je connais bien Vincenzo. On s'est longtemps côtoyé chez la Liquidas et quand il attaque, c'est pour aller au bout. En le suivant, je pensais gagner". Dans un ultime effort, Joaquin Rodriguez sortait de derrière, personne ne pouvait prendre sa roue, et rejoignait les deux hommes de tête. Derrière, les poursuivants étaient quatre avec Alberto Contador, Mauro Santambroggio qui continue d'impressionner, Samuel Sanchez et Christopher Horner pendant que Chris Froome figurait dans un troisième groupe un peu plus loin.
Sans trop de soucis, le slovaque s'imposait en larguant ses deux compagnons dans les derniers hectomètres. Le groupe d'Alberto Contador arrivait avec quarante-deux secondes de retard sur Vincenzo Nibali et Purito. Froome, quant à lui, perdait son maillot de leader en terminant à quarante-huit secondes après l'italien. Cet après-midi, ce Tirreno Adriatico s'achèvera sur un contre-la-montre qui ne devrait pas bouleverser beaucoup le classement général. Le podium devrait rester tel quel mais l'italien se méfie "j'ai fait le plus dur en prenant le maillot ici. Je sais que Froome est un expert de l'exercice mais vu la distance, ça devrait le faire. Mais va falloir être vigilant parce qu'il peut se passer plein de choses comme une chute ou un ennui mécanique. Je suis confiant en tous cas et content de ce que j'ai fait". Une victoire ici lancerait parfaitement la saison du nouveau coureur de l'écurie Astana qui voudra faire mieux que l'an passé en juillet, sur les routes du Tour de France...
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L'auteur : Fruitier Manu
29 ans, Paris (France).
Publié le 01 avril 2013
Modifié le 31 mars 2013
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