| Parker à bout de l'EspagneAu terme d'une demi-finale épique qui a eu besoin d'une prolongation pour en trouver son vainqueur, les Bleus emmenés par un Tony Parker au delà du magnifique se sont relevés d'une première mi-temps désastreuse pour s'adjuger leur seconde finale d'Euro d'affilée.Et si c'était par là qu'une équipe de France doit passer pour faire les plus grandes choses ? Et si il fallait qu'elle ne soit pas attendue pour qu'elle sorte enfin les crocs ? Et si il fallait qu'elle montre son visage le plus terne pour offrir par la suite le meilleur d'elle même ? La réponse doit certainement être un grand oui car ce qu'il s'est passé hier contre l'Espagne, on l'a vu dans tous les sports. En 2006, la France, malgré le retour de Zidane dans ses rangs, n'était pas favorite et encore moins après trois premiers matches de poule peu convaincants, ce qui ne l'a pas empêchée d'aller jusqu'à la finale. Ça, c'est pour le football mais le phénomène s'est également vérifié en 2011 mais là avec le XV de France, piteux contre le Japon et le Canada, écrasés par la Nouvelle Zélande puis terrible de faiblesse contre les Tonga pour ensuite bomber le torse et aller battre les Anglais puis les Gallois pour s'offrir une finale mondiale. Jusque là, l'idée qu'une équipe de France ne puisse être excellente et capable de réaliser les plus beaux exploits qu'en touchant le fond du trou paraissait comme une légende urbaine mais force est de constater que les Bleus, nos Bleus que l'on adorent autant qu'ils peuvent nous agacer par moment, aiment surprendre leur monde, ils aiment qu'on les encense. Et, bien évidemment, c'est ce qu'on va faire aujourd'hui.
Et, pour commencer, comment ne pas parler de Tony Parker. Le meneur des Spurs de San Antonio a peut-être réalisé, de son propre aveu, son plus beau match de sa longue histoire avec la tunique bleue sur les épaules "j'ai eu plusieurs beaux matches avec l'équipe de France mais celui-là est particulier parce qu'en face, c'était l'Espagne et que battre l'Espagne est le meilleur des adversaires, celui qu'on adore battre. J'ai fait mon boulot. J'ai pris le ballon et fait de mon mieux pour tenir le combat". Quand la Roja entame la rencontre par un 4-0, c'est Tony Parker qui prend le ballon pour revenir, pour rester au contact. C'est lui qui vient marquer quatorze des vingt points inscrits par les Bleus en première période. C'est lui, le deuxième marqueur de l'Histoire des Championnats d'Europe, qui va provoquer les fautes adverses. Mais, s'il a été décisif dans les moments les plus compliqués, Tony Parker a également été présent lors du retour en force française dans le troisième quart-temps par ses décalages, ses pénétrations et ses tirs extérieurs dont l'un d'eux donna l'avantage à l'équipe de France dans le money-time.
Parker évite le naufrage en première mi-temps
Mais voilà, Tony Parker est un leader et un vrai leader. Plus qu'être prépondérant dans le jeu, il s'implique également dans la gestion des hommes, de ses hommes. Peut-être, à l'instar de Patrice Evra contre la Biélorussie, est-ce son discours qui changea les choses, qui provoqua un retour que le plus fou d'entre nous n'aurait sans aucun doute jamais osé rêver "j'étais énervé quand je suis entré dans les vestiaires à la pause. Il y avait de la colère mais aussi de la frustration. On savait qu'il ne fallait pas se poser de questions et foncer tête baissée mais on avait la peur au bide et ça, ce n'était pas possible, pas en demi-finale d'Euro donc il fallait parler et j'ai parlé parce que c'est mon rôle de le faire".
A voir la tête de Vincent Collet au bout de vingt minutes, on se doutait que Tony Parker n'était pas le seul à s'agacer mais, au fond, qui ne l'était pas. La première mi-temps donnée par les vices-champions d'Europe fut l'une des plus mauvaises de son Histoire et sans aucun doute la plus mauvaise sur le plan offensif. Mis à part Tony Parker, étincelant auteur d'un 7/9 aux tirs lors des deux premiers quart-temps pendant que tous les autres se morfondaient avec seulement trois paniers réussis sur douze tentatives. Aucune réussite extérieure, des approximations dans les transmissions et des balles perdues et voilà que la note était salée "on refusait des shoots ouverts. On avait du mal à se mettre en position et déjà qu'on doutait avant le match, le fait de rater les premiers tirs n'a rien arrangé" expliquait Boris Diaw. L'intérieur, coéquipier de Tony Parker au Texas, n'était pas le seul leader dans le dur. Nicolas Batum, qui n'est que l'ombre de lui même dans ce Championnat d'Europe où il ne parvient pas à prendre la mesure de ses ambitions, passait comme un fantôme refusant de prendre ses responsabilités devant un manque de réussite jamais "c'est notre problème depuis le début de cette compétition. On n'a pas assez de réussite sur les tirs à mi-distance ou longue distance". La crise au sein du camp français était telle que Vincent Collet était contraint de faire entrer Charles Kahudi et Jeoffrey Lauvergne, deux novices qui n'avaient pas jouer une minute contre la Slovénie, pour avoir un peu de sang frais. Un manque de mordant et d'inspiration qui plaçait les Bleus à quatorze longueurs de l'Espagne à la mi-temps.
Mais un pourcentage si mauvais aux shoots ne pouvait perdurer un match entier et il paraissait insensé que les Bleus puissent rester sur un 0/10 à trois points. Et, comme souvent dans ces cas là, c'est de celui que l'on attend pas forcément que la lumière vint. Antoine Diot, sérieux sans briller pour autant, mitraillait une première fois derrière la ligne extérieure puis en marquait un second dans la foulée pour relancer l'équipe de France et la faire passer en dessous de la barre des dix points d'écart "il fallait tenter de faire quelque chose pour se donner la chance de revenir. J'ai eu de la réussite" estimait le nouveau meneur strasbourgeois qui se montrera à nouveau décisif et plein de maturité sur les derniers lancers francs qui assuraient la victoire des Bleus. Et ça se bousculait au portillon pour l'imiter. Tony Parker et Mickaël Gélabale y allaient de leur panier primé. Si bien que l'écart constitué par la bande à Gasol ne semblait plus aussi insurmontable et un nouveau panier à trois points de Tony Parker donnaient l'avantage aux Bleus alors que l'on rentrait dans les deux dernières minutes du quatrième et dernier quart-temps.
Une défense de fer qu'il faudra retrouver contre la lituanie
Mais cette victoire, héroïque et intense émotionellement, elle eut également pour origine une défense de fer, qui permit à l'équipe de France de ne pas prendre l'eau totalement quand elle n'inscrivait que six points au deuxième quart-temps, cette même défense qui permettait aux Bleus de refaire leur retard. Et seule une défense collective pouvait suffire. Quand Alexis Ajinça montrait quelques signes de faiblesse sur Marc Gasol, ce sont Florent Pietrus et Boris Diaw qui se retroussaient les manches pour museler le cadet des frères Gasol. Florent Pietrus, l'indispensable roc de la seconde mi-temps qui, à l'image de l'ensemble de l'équipe, contrôlait le combat physique et qui sortait les crocs à chaque rebond. Rudy Fernandez et Sergio Rodriguez profitaient des quelques espaces laissés vacants par la défense française pour s'amuser à quelques alley-hoop. Mais ce spectacle n'était qu'un écran de fumée cachant une équipe espagnole, tenante du titre, peinant à trouver la solution au problème occasionné par l'abrupté de la défense française et sa défense de zone "c'est rageant de perdre un match que l'on a mené pendant trente-sept minutes mais c'est comme ça, la défense de la France a été très bonne et c'est la que c'est faite la différence".
Enfin, la France clouait aux piloris son meilleur ennemi, celui même qui l'avait battu durant leurs huit dernières confrontations. C'est la troisième victoire française contre la Roja depuis 2001 mais c'est sans doute la plus belle. Pour autant, l'Euro n'est pas terminé "c'est une victoire très belle dans son scénario mais le film n'est pas fini, il y a une fin à écrire et elle peut être très belle donc gardons la tête froide pour préparer au mieux cette finale" demandait Vincent Collet à ses hommes. Tony Parker tenait pour peu les mêmes paroles "c'est un match très important pour le basket français. Je suis fier de mes coéquipiers parce qu'ils ont fait preuve d'un courage sans faille pour continuer notre route. Mais il ne faut pas s'enflammer non plus parce qu'on tient dans nos mains le titre que toute la France attend et ça ne va pas être facile". C'est vrai que la Lituanie, brillante contre la Croatie trop inexpérimentée pour accéder à la finale, emmenée par un Linas Kleiza de folie fera un adversaire redoutable. Mais quand on vient de battre l'Espagne, peut-on avoir peur ? | | |
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