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Pour une fois qu'il jouait en short...

En jouant au foot, mon meilleur pote s'est ouvert la jambe au stade. Nous étions cinq, moyenne d'âge 16 ans. Voici comment on a tenté d'organiser son "sauvetage" le mieux possible...


Ca fait pas loin de deux ans qu'on se retrouve le week-end et pendant les vacances entre copains pour jouer au foot au stade communal. Aucun de nous n'est licencié en club, on préfère jouer de temps en temps, entre nous, sans pression, pour le plaisir.

Ce jour-là, le samedi 7 juin 2003, nous n'étions que 5 au stade. Une des particularités de notre bande, c'est que sur une dizaine de membres environ, on n'est pas 2 à supporter la même équipe de foot !

Quand on n'est 5, on fait ce qu'on appelle un "deux contre deux sur un but" : deux équipes de deux, tirées au sort qui doivent marquer dans la même cage, gardée par un gardien neutre. Aymeric (supporter de Lyon) était gardien, Julien (Bastia) et Romain (PSG) étaient ensemble, tandis que Xavier (Monaco) faisait équipe avec moi (Bordeaux).

Quelques minutes de jeu, qui ne donnaient rien et soudain, à 14h48 précisément, une action allait changer radicalement le cours de la journée.

Julien, 17 ans, solide garçon, mesurant environ 1m75, pesant dans les 70 kilos et dont la couleur de peau (il est métis et originaire de l'Ile Maurice) lui avait valu en 6ème le surnom sympa de "Pain d'épices", est en possession du ballon, excentré côté droit du but. Face à lui, Xavier, filiforme, parfois assez maladroit, bref, notre maillon faible de service. L'éliminer ne semble pas une tâche trop ardue pour Julien qui entreprend un crochet du pied gauche.

Erreur d'appréciation de la distance, le ballon échappe à Julien et je me précipite pour le récupérer. Je suis alors en position très favorable pour marquer mais Julien revient vite et tacle dans ma direction. J'échappe au tacle mais je l'entends se plaindre "Ma jambe !". Pendant une fraction de seconde, je me demande s'il s'est blessé ou s'il est juste mal retombé comme ça nous arrive souvent. Mais dès l'instant où je vois la plaie qui s'est ouverte en-dessous de son genou, j'ai conscience que c'est la plus grave blessure qui soit survenue depuis que l'on joue ensemble au foot.

Sans réfléchir, je file à mon sac, dans lequel j'ai mis mon téléphone portable. J'ai encore dit il y a à peine 15 jours que je ne l'emmène qu'au cas où l'un de nous se blesserait et qu'il faille appeler les pompiers. A la question "Est-ce que j'appelle les pompiers ou le SAMU ?", Julien étonnament décontracté répond "ben... j'en sais rien... les deux !". J'ai un peu honte mais à ce moment-là (environ 15 secondes après l'accident), je ne suis pas encore sûr de la gravité de la blessure et en composant le 18, je demande à Julien s'il assumera les conséquences...

Honteux, je sais, mais je mets ça sur le compte de la panique, d'autant que Julien saigne à présent beaucoup. Au 18, un pompier me répond, je n'entends pas ses 2 ou 3 premiers mots, juste "bonjour" mais je m'en fous, j'enchaîne :

"-Bonjour, on a un blessé au stade de foot, c'est un garçon de 16 ans, apparemment il s'est coupé, il a une plaie assez importante à la jambe gauche...

-Il s'est blessé en jouant au foot ?

-Oui, et il est sur le terrain.

-Il est conscient ?

-Oui, il est conscient. Mais il saigne beaucoup.

-OK, on vous envoie les pompiers tout de suite.

-Merci"

Dans la précipitation, j'ai dit que Julien avait 16 ans alors qu'il vient d'en avoir 17. Pas grande importance, notez. Je raccroche et je répète à Julien et aux autres copains qui sont à coté de lui ce que le pompier m'a dit, il est 14h50. Romain, notre pote, qui est aussi mon cousin et le camarade de classe de Julien, tente de lui venir en aide en versant de l'eau sur la plaie. Julien hurle, ça lui fait très mal et il préfère (c'est compréhensible) qu'on n'y touche pas. Il n'a pas bougé de l'endroit où il a taclé et on n'a pas à chercher pendant des heures ce qui a provoqué l'entaille sur sa jambe : il y a un bout de verre, probablement un morceau d'une bouteille de bière juste à côté et c'est là-dessus que sa jambe a glissé lors du tacle. Détail assez horrible, un morceau de chair s'est déchiré et est resté accroché au débris de verre. Le stade est parfois rempli de racailles et il n'est pas rare de trouver des bouteilles vides à proximité des terrains. Là, personne n'avait vu ce bout de verre sur le sol. La plaie sur la jambe de Julien fait environ 5 centimètres de long sur 2 de large, c'est une coupure très large.

Après avoir parlé au pompier au téléphone, il se passe quelque chose que je n'explique pas en moi. Ce n'est pas une "petite voix dans ma tête" mais c'est tout comme : j'ai l'impression que j'ai un rôle à jouer dans tout ça et que, pour moi, ça ne suffit pas d'attendre les pompiers sans rien faire. Julien est notre pote, on ne sait pas si la blessure est grave, si ça nécessite une opération, s'il va être soigné sur place ou transporté à l'hôpital, pendant combien de temps il ne pourra plus faire de sport ou aller au lycée, s'il gardera des séquelles de l'accident etc... Je ne pense à rien d'autre qu'à ca. Si c'est quelque chose de très grave et que je n'ai pas fait de mon mieux pour organiser les secours, je le regretterai énormément. Aymeric, Romain, Xavier restent avec Julien et moi je file au grand portail du stade. Je sais qu'il est fermé puisqu'il nous faut toujours contourner par les courts de tennis pour rejoindre les terrains de foot par un petit chemin mais j'essaie quand même de l'ouvrir en tirant comme un malade sur tous les verrous. Bien sûr, ça ne sert à rien, le camion de pompiers ne pourra pas pénétrer sur le terrain. Cela fait moins d'une minute qu'on a prévenu les pompiers mais je suis quand même déjà furieux qu'ils ne soient pas encore arrivés ! Il faut dire que la caserne est très proche du stade de foot et que j'aimerais qu'ils arrivent aussi vite que possible.

Je jette un coup d'oeil sur le terrain. Julien est toujours assis par terre, les jambes tendues. Je suis à une petite centaine de mètres et je suis presque terrifié en constatant que sa jambe gauche est quasiment recouverte de sang. Les pompiers ne devraient pas tarder. J'emprunte le petit chemin en courant pour rejoindre l'entrée du parking. Les minutes passent. Par trois fois, je cours vers la grille du stade pour voir si les pompiers ne seraient pas passés par une autre entrée. En me voyant, Aymeric et Romain me font parfois des signes, comme pour demander s'il y a du nouveau mais nous sommes trop éloignés, on ne peut donc pas communiquer. Je n'ai pas lâché mon portable, c'est la première fois en 16 ans que je sollicite les secours d'urgence et je suppose que, ayant mon numéro de téléphone, les pompiers vont peut-être me recontacter dans les minutes qui suivent s'ils veulent me communiquer quoi que ce soit d'important ou me demander des précisions. Pendant un instant, je songe à appeler les parents de Julien mais j'y renonce : qu'est-ce que vous voulez que je leur dise ? Les pompiers vont arriver d'un moment à l'autre, on ne connaît toujours pas la gravité de la blessure, bref je ne ferais que les inquiéter autant que nous...

A 14h55, une ambulance passe devant le stade mais ne s'arrête pas, elle ne venait pas pour nous. A 14h59, dix minutes après le coup de fil aux pompiers, onze après l'accident, j'entends une sirène de pompiers, le bruit vient du centre-ville. A 15h00 précises, la camionnette rouge apparaît enfin, je lui fait signe et elle s'immobilise à l'entrée du parking : elle ne peut pas passer sous le portique (haut de 1 mètre 80) à cause du girophare. Le conducteur descend tandis que le deuxième pompier reste dans la camionnette. Il se dirige vers la grille mais je lui dit que celle-ci est fermée et, en courant en direction du chemin de terre menant au terrain, je lui fait signe de me suivre. Tout en courant, je lui explique que la blessure est dûe à un bout de verre, que Julien saigne beaucoup puis nous émergeons des buissons, je cours à côté d'un pompier, la classe !

"C'est le garçon qui porte un tee-shirt bleu."

Je vois pas trop pourquoi je lui dis ça, de toute façon, dans un groupe, celui qui a une jambe en sang, en général c'est le blessé... Arrivé à hauteur de Julien et du reste du groupe, le pompier fait preuve d'honnêteté et ne nous cache pas que c'est une grande plaie et que le fait que Julien perde autant de sang est assez inquiétant. Le deuxième pompier arrive avec une trousse de soin. La trousse paraît très grande et très lourde mais en fait, elle contient un truc qui est probablement une énorme bouteille d'oxygène, ce ne sera pas nécessaire mais en même temps, ils ont pas eu le temps de trier, non plus ! Un petit dialogue entre les deux pompiers fera sourire ou grincer des dents selon la sensibilité de chacun :

"-Bon, là il faut des sparadraps...
(le deuxième pompier fouille dans le sac de soin) - Euh... si je te dis que j'en ai pas ?..."

Julien, qui était pourtant relativement calme, commence à tourner de l'oeil, sa main droite tremble énormément. Un des pompiers me demande de téléphoner aux parents de Julien. Je tombe sur sa mère je lui dit calmement que Julien s'est blessé au foot, que ce n'est pas gravissime (encore que j'en sais trop rien) mais que les pompiers souhaitent que ses parents se rendent au stade au plus vite. La mère de Julien ne s'inquiète pas outre-mesure et me remercie de l'avoir prévenue. Un autre camion de pompiers, plus gros cette fois-ci se pointe alors à l'entrée du stade. Bientôt, deux nouveaux pompiers arrivent sur le terrain. Constatant que nous portons tous des maillots de foot, l'un d'eux lance pour détendre l'atmosphère "Si c'est pas un Parisien, je le soigne pas...". En s'approchant de Julien, il s'intéresse d'abord à son tee-shirt sur lequel est inscrit en grosses lettres : FORZA BASTIA. "Ah un Bastiais, bon ça va." Après, il jette quand même un coup d'oeil à la blessure. Bon, il a peut-être des jokes assez malvenues mais au moins, il a apporté le matériel nécessaire pour soigner un blessé.

Pendant qu'il lui fait un gros bandage, pour empêcher le sang de couler, je retourne en courant à l'entrée du stade pour attendre les parents de Julien. Rapidement, son père arrive et gare la voiture sur le parking. Je le conduis en direction du terrain, sur le chemin, je lui dis la seule chose rassurante dont je sois sûr :

"Il est conscient
- Oh bah, ça va, alors !"

J'aimerais être aussi peu stressé que lui ! Tout en marchant, nous apercevons le terrain, à quelques mètres de nous. Julien s'est relevé et il marche à côté des trois pompiers. Son père se présente alors et les pompiers expliquent que Julien va être conduit à l'hôpital de Chartres ou à celui de Rambouillet. Je me tiens en face de Julien et lui fais signe de tenir bon, il sourit et s'en va en direction du camion rouge, les yeux humides mais c'est compréhensible, cela fait près de 20 minutes qu'il saigne abondamment et il n'apprécie pas beaucoup la vue du sang. Le camion de pompiers reste encore quelques minutes après que Julien soit monté à l'intérieur et démarre, suivi par la voiture de son père. Je rejoint alors Aymeric, Xavier et Romain. Comme on a dit deux jours plus tard, on a l'impression d'avoir plutôt assuré et d'avoir fait ce qu'il fallait. Sans chercher à tirer quelque mérite que ce soit, bien sûr mais, du moins en ce qui me concerne, j'ai le sentiment d'avoir réussi, tout simplement.

Le lendemain, Romain a rapporté son sac à Julien, finalement la blessure ne nécessitait pas d'intervention chirurgicale, hormis bien sûr une anesthésie et la pose de points de suture. Il ne pourra plus faire de sport pendant deux semaines, on s'attendait à beaucoup plus et c'est plutôt une bonne nouvelle. Il a remercié ses potes, pas encore les pompiers mais ça ne saurait tarder (au pire, il achètera un calendrier en décembre !). Sa jambe gauche présente une grosse cicatrice, qui s'estompera au fil des semaines.

Et comme on dit dans "Plein les Yeux" :

"Rassurez-vous, aujourd'hui, il en rigole !"

Non, pas tout à fait mais, on s'accorde à dire qu'on a bien géré tout ça, c'est une grande fierté quand même, non ?

Voilà, c'était le récit de la blessure de Julien et de l'organisation de son sauvetage par les pompiers. En téléphonant au 18 dans les plus brefs délais, on a permis à notre pote d'être soigné rapidement, et par la suite, on a je pense, fait ce qu'il faut pour que tout se passe au mieux, à savoir, ne pas laisser le blessé seul et accueillir et conduire les secours au plus vite vers lui.
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Re: Pour une fois qu'il jouait en short...
Posté par elodelu le 20/08/2004 07:52:54
c'est pour ça qu'il faut passer votre AFPS les petits enfants! le brevet de secouriste! c'est pas pour les chiens!! il ne se vente pas mais meme s'il le faisait il aurait raison, ya tellement de gens qui font n'importe quoi et agravent la situations dans ce genre d'accident!
si je peu me permettre tu aurait du lui surelever les jambes et faisant asseoir quelque a ses pieds, et ton copain aurait mis ses jambes sur l'autre, au risk de le salir mais ca c pas grave, le mieux c'est de mettre les jambes pliées sur une chaise mais sur un stade de foot c pas evidant d'en trouver une!
encore un truc: ne JAMAIS déplacer un blessé sauf en cas d'extreme urgence genre feu, exploseion, tout ca!
tu as su rester lucide et plutot calme, comme les pompiers et les parents, bien! tu gagne la medaille de "plein les yeux" lol
Re: Pour une fois qu'il jouait en short...
Posté par benjiir le 20/08/2004 07:52:54
Ce qui est énorme dans ce récit, c que t'arrives à faire rire alors que le truc est quand même assez immonde!!!! T bon!!!
VIVE BORDEAUX!!!!
Re: Pour une fois qu'il jouait en short...
Posté par rs001_girl le 20/08/2004 07:52:54
ouais c kler
pr une fois k on lis pas d mytos !
et franchement moi je dis bvo
perso j aurai trop panike
(pr ne pas dire ke je me serai evanouie..lol)

bisous tlm
Re: Pour une fois qu'il jouait en short...
Posté par benjiji le 20/08/2004 07:52:54
Qu'est-ce que çà peut faire qu'il se vante ou pas? Pour une fois qu'on a une histoire vraie et que c'est pas du mytho!!
Il est heureux d'avoir bien réagi et je le comprends. Il a raison de dire qu'il a assuré car il a réellement assuré!!!
Re: Pour une fois qu'il jouait en short...
Posté par cocogirl le 20/08/2004 07:52:54
si bien sur mais attends tu vas pas raconter toutes tes B-A !!!
moi je trouve qu'il abuse un peu bocoups du genre j'ai assuré....on peut assurer mais c'est pas la peine de s'en venter!!!
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Publié le 14 juin 2003
Modifié le 14 juin 2003
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