| The HoursUn beau film, émouvant et interessant, mais un peu trop froid, classe mais sans émotions...Banlieue de Londres, années 20 : Virginia Woolf (Nicole Kidman), écrivain dépressive au bord du gouffre écrit ce qui deviendra son chef d'oeuvre "Mrs Dalloway". Banlieue de Los Angeles, années 50 : Laura Brown (Julianne Moore), américaine pile poil dans le moule de la femme au foyer lit "Mrs Dalloway" et se pose des questions sur sa vie, sa sexualité, son suicide. New York, 2001 : Clarissa Vaughan (Meryl Streep), semblant être l'incarnation de l'héroïne de "Mrs Dalloway", prépare une réception en l'honneur de son meilleur ami et ex-amant, Richard (Ed Harris), atteint du sida.
Tiré du roman de Michael Cunnigham, "The Hours" est très intéressant sur le papier : 3 destins de femmes à 3 époques différentes dont le lien est "Mrs Dalloway", roman écrit par l'une, lu par une autre et vécu par la troisième... Et malgré la distance temporelle, de nombreux points communs relient les personnages, que ce soit dans leurs gestes, dans leur existence ou dans leurs pensées... Ajoutez à cela un casting genre grand luxe, de nombreuses nominations aux Oscars, et voilà un projet aussi excitant qu'effrayant : et si le réalisateur s'était complètement planté ?!
Révélé par "Billy Elliot", Stephen Daldry réussit haut la main son pari, en nous livrant un film très bien mise en scène : certains passages, le générique notamment, sont de véritables chorégraphies durant lesquels les 3 femmes semblent être en totale interaction malgré la distance. Le montage du film est très réussi, et nous expose le parallélisme des vies de ces 3 personnages. La musique enfin, signé Philip Glass, si elle n'est pas très originale voire même répétitive, se fond cependant parfaitement le film.
Les trois actrices sont assez géniales également ! Personnellement, c'est Nicole Kidman, récemment oscarisée pour ce rôle, que j'ai préféré : elle livre une prestation hallucinante, et donne vie à ce personnage névrosé, déprimé, suicidaire (et oui oui, grâce à son fameux faux nez, elle est presque moche !). Julianne Moore assure également dans un rôle plus intériorisée de femme coincée dans son statut social, sans marge de manoeuvre et qui prend soudainement conscience d'un destin qu'elle n'a pas choisi. Enfin, Meryl Streep est bonne également, mais c'est vrai que son personnage est moins impressionnant que celui de ses collègues. Mention spéciale également à Ed Harris, qu'on voit peu mais qui arrache également !
Voilà, dans la forme le film est réussi... mais dans le fond aussi ! Riche en réflexion et émotions, "The Hours" montre au travers de ces trois portraits que c'est à chacun de choisir son destin, et que rien n'est définitif, malgré et les sacrifices et souffrances que ces choix peuvent impliquer : ainsi, de Nicole Kidman qui se suicide à Julianne Moore qui plaque mari et enfants, ces femmes refusent une vie qu'elle ne maîtrise plus et qui ne leur correspond plus pour s'en libérer et vivre autre chose. L'ambiance globale du film, d'une introduction morbide à un dénouement qui reste assez triste malgré une pointe d'optimisme, renforce efficacement cette description d'une vie qui aurait été ratée, par obligation, ou par manque de courage.
Le film traite également de la sexualité, et de la difficulté à accepter ses préférences : ainsi, les 3 personnages féminins sont toutes les 3 officiellement bi, mais officieusement lesbiennes, ce qui n'arrange pas les choses : dans les années 20, on ne pouvait vivre son homosexualité au grand jour, et Virginia Woolf en est morte... Dans les années 50, l'homosexualité était possible... dans la clandestinité et était un facteur de rejet social dans une société archi normative. Enfin, tout semble plus simple aujourd'hui : les lesbiennes vivent ensemble et ont même des enfants ! Petit point négatif : pourquoi Richard, atteint du sida, est-il obligé d'être homosexuel ?!
Le film parle également du travail d'écriture, de la genèse de "Mrs Dalloway" : certains détails appartiennent presque au fantastique : ainsi, lorsque l'on voit Virginia Woolf décider qu'un de ses personnages doit mourir, on voit très rapidement les répercussions de cette décision sur les vies de Julianne Moore et Meryl Streep dont les existences sont liées à ce roman.
Mais tout cela n'est pas parfait ! En effet, l'atmosphère, à force de travail, de perfection etc. vire parfois à l'artificiel : non pas que cela sonne faux, mais l'émotion manque. Si la vie de Virginia Woolf est extrêmement touchante, la description de Laura Brown ne fait plus vibrer... Là où Tim Burton excellait dans sa description d'une femme qui se rend compte que l'american way of life cloche un peu dans son acceptation de la différence ("Edward aux mains d'argent"), le réalisateur de "the hours" insiste trop sur les difficultés du personnage de Julianne Moore, comme s'il voulait forcer le spectateur à s'apitoyer, ce qui produit l'effet contraire... Enfin, la vie de Meryl Streep n'est certes pas très funky, mais ce genre d'histoire (la femme sur active qui en fait est super triste, le malade du sida qui va mourir...) a tellement été vu et revu au cinéma, qu'on reste un peu blasé face à ce qu'en fait le réalisateur : trop de Meryl Streep, pas assez de sa compagne (personnage qui aurait été intéressant de développer), pas assez de sa fille, pas assez d'émotions finalement... Ainsi, quand l'ex amant de Richard débarque, et que Meryl Streep craque, les rapports entre les deux personnages sont tellement décalés (genre Meryl pleure, et le gars la regarde sans trop rien dire !...) qu'on ne vibre pas.
Bref, un peu trop clinquant pour être touchant, et c'est dommage... Du coup, pendant tout le film, je n'ai quasiment pas vibré face à ces personnages (sauf à quelques reprises, face à Virginia Woolf notamment). Là où "the hours" fait son petit effet, c'est à la sortie du film, quand après 2h de mélancolie sous jacente à l'histoire, on repense à ces femmes... et là, gros coup de déprime pendant longtemps ! C'est le double effet : rien pendant le film, et une grosse bouffée d'émotions après !
Bref, "the Hours" reste un film très intéressant ! Que ce soit grâce à la mise en scène, à l'histoire ou aux actrices, ce film est bien réussi... Dommage donc que l'ensemble reste un peu trop froid, trop artificiel et qu'il ne dégage pas plus d'émotions. | | |
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