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Un mardi soir au Trocadéro

Recit d'une manifestation parmi d'autres contre le FHaine : Mardi 30 avril à 19 heures, des milliers de personnes et des dizaines d'acteurs et chanteurs se sont réunis place du Trocadéro à Paris pour chanter l'hymne national...


D'abord précisions sur le faible nombre de participants (2000 selon la police, personne dans la nuit noire perpetuelle selon Gilbert Montanier) : d'une part n'ont été comptés que ceux qui étaient face au podium et non en plus les centaines sur les marches, au dessus et sur les cotés en haut. Nous étions au moins le double soit 2000*2=4000).
D'autre part il semble que ce soit une idée du comédien Edouard Baer prise dans l'urgence lundi (squattage de itélévision par Edouard lundi après-midi pour passer son message en boucle de peur d'être tout seul, activation en catastrophe des reseaux black-blanc-beur debouziens) ce qui explique la relative faiblesse du nombre des présents.
Ceci etant très bien dit, voila le fil de ce qui s'est passé pour que vous puissiez dire "j'y étais pas mais on m 'a raconté" :

18h 30 : Arrivée place du trocadéro, pas grand monde, une petite estrade qui fait un peu pitié avec au centre une banderole au budget "argent de poche de cancre de CM2". Ca sent l'impréparation mais c'est tant mieux, un peu de fraicheur ne fait pas de mal dans cette semaine où tous les mouvements organisés pour les medias doivent être contrôlés pour ne pas faire le jeu de Le Pen.

19h : Heure prévue du rassemblement : ca s'agglutine sur les marches, la sono drivée par Jean Croc (la trompette humaine) crache de vieux tubes français inconnus de la plupart des manifestants. Seule la "douce france" de Trénet est reprise en coeur du refrain au refrain, mais bon ça s'ennuie un peu. Début de distribution des paroles de la marseillaise et de drapeaux tricolores pour se réapproprier les symboles recupérés par le FHaine, la veille de leur exhibition sordide. Je reussis à arracher des mains d'un telethon-man le dernier drapeau, lui disant que quand tout le monde sera debout pour chanter on ne verra pas son drapeau sauf si il a une main de 2 mètres (ce qui n'est pas le cas).

19h 15 : Mister Baer monte sur scène pour introduce nous le tenor anglais (le symbole réitéré de la voix de Londres, celle du De Gaulle résistant du 18 juin 40 pour ceux qui ont arrêté leur scolarité en CE1) qui va nous donner le "la". Il s 'entraine sur le couplet de la Marseillaise du 12 juillet 1998 immediatement repris par la foule.

19h 30 : Ca s'ennuie beaucoup, et tout le monde en prend conscience. "Ca aurait été bien qu'un groupe vienne pour mettre un peu d'ambiance" me lance dans l'oreille un vieux militant PS aux cernes d'une profondeur océanique

19h 31 : Dont ne sait où (certainement de derrière le podium mais bon on s'imagine toujours des trucs extraordinaires), des dizaines de VIP se posent face-camera entre la foule et le podium : le canal+ canal historique (Lescure, Denisot, Chabat and tous les presentateurs et animateurs du Burger Quiz, la Jamel bande) + les vieux compagnons de route de la gauche (Beart, Hanin, Bacriteam and co) + Line Renaud et Salvador, deux seuls soutiens de Chirac recensés. Ca applaudit un peu sur ma droite, je leur dit qu'on est pas a Cannes que ce n'est pas les VIP qu'il faut applaudir mais la marseillaise mais sans trop de resultat, quelques flashs immortalisent l'instant

19h 35 : Atmen Kelif lit un petit texte, ca fait pas trop spontané (moins que le soir du 21 avril où son intervention en direct de la rue était pleine de rage militante) mais les mots sont biens choisis donc no soucy, la republique applaudit, Edouard Baer en rajoute une couche sur la necessité de voter Chirac le 5 mai et ça applaudit beaucoup plus fort. Le tenor entonne l'hymne. On devait attendre qu'il ait fini mais on ne résiste pas à l'appel de la patrie, tout le monde se met debout, agite les drapeaux et ça chante La Marseillaise. Sans problème le premier couplet, avec plus de mal le second, avec la rage au coeur le refrain : "le sang impur sur lequel on doit marcher" n'est plus une coquille vide donc il y a vite la chair de poule qui parcourt la foule et de longs applauddissements qui relaient l'hymne vite entonné.

19h 40: Et ensuite on fait quoi ? Rien n'est prévu mais on ne peut partir comme ça. Edouard Baer demande à tous les VIP de monter sur la scène. Sans se concerter c'est repartit pour un couplet, "les enfants de la patrie" n'ont plus besoin d'être dirigés pour pouvoir communier.

19h 45 : La vieille sono revient, "la douce france" reprend un peu de la voix. Mais le symbole est en boite, les chanteurs-comediens-animateurs repartent, les drapeux français et paroles de la marseillaise rentrent dans les poches et sacs à dos. Métro à attraper, retour à la réalité.

21h 30: Commentaire approximatif de la journaliste de LCI : "Ce soir des membres de la sociétés du spectacles se sont rassemblés place du Trocadero pour chanter La Marseillaise, vous reconnaissez sur ces images Emmanuelle Beart, Line Renaud et Jane Birkin".

Le peuple est oublié dans le commentaire, on ne nous avait pas prévenu qu'on servirait juste d 'ecrin médiatique pour que brillent les acteurs.

Mais cela n'a aucune importance, ce soir il s'agissait de montrer que les symboles de la republique appartiennent à tous.
Si les têtes d 'affiches les plus connues (Edouard Baer est passé à la trappe télévisuelle) peuvent aider à ne plus permettre que les vraies valeurs républicaines soient travesties par une minorité fasciste, tant mieux.

La déferlante populaire du lendemain, premier mai, est le premier indice que bientot il n'y aurait plus besoin de ces manifestations symboliques pour afficher sa fierté d'être français.
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Publié le 02 mai 2002
Modifié le 02 mai 2002
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